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Cinquième sommet mondial : Coopération Sud-Sud – Renforcer la collaboration interrégionale

— 16 minutes temps de lecture

Du 3 au 5 décembre 2024, le Réseau des villes fortes a tenu son cinquième sommet mondial au Cap (Afrique du Sud), réunissant plus de 140 participants, dont 60 maires et gouverneurs, ainsi que des responsables municipaux, des praticiens et des partenaires de plus de 90 villes et 40 pays du monde entier. Le sommet comprenait des conversations entre maires, des sessions parallèles thématiques et des exercices sur table – offrant aux fonctionnaires municipaux de divers contextes la possibilité de partager et d’apprendre des innovations et des approches menées par les villes pour prévenir et répondre à la haine, à l’extrémisme et à la polarisation, et pour maintenir la cohésion sociale au milieu des crises mondiales.

Le sommet comprenait une session sur la coopération Sud-Sud afin de discuter des défis communs auxquels sont confrontées les villes d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient, en particulier, et des possibilités d’encourager la collaboration interrégionale entre les maires, les gouverneurs et autres dirigeants locaux, et les gouvernements locaux de ces régions. La session a permis de partager les défis communs et les bonnes pratiques pour lutter contre la désinformation et les préjudices en ligne, les moyens d’impliquer les jeunes qui sont les plus vulnérables à la radicalisation et au recrutement par des groupes extrémistes pour la violence, et les stratégies pour renforcer la coopération nationale-locale dans la prévention et la réponse aux défis communs de la haine, de l’extrémisme et de la polarisation.

Intervenants en vedette

Les participants ont convenu que la désinformation représente un défi important pour les communautés des trois régions, car elle peut inciter à la violence et saper la confiance dans les institutions. La diffusion de fausses informations, souvent par le biais des médias sociaux, peut exacerber les tensions sociales existantes et créer de nouvelles divisions en diffusant des informations erronées sur les groupes ethniques, religieux ou politiques. L’impact est particulièrement grave dans les régions où l’accès à des informations fiables est déjà limité.

Rajiv Chaudhary, conseiller municipal de Delhi (Inde), a souligné le rôle des médias sociaux dans la diffusion de la désinformation, qui a alimenté les crimes de haine et les troubles publics dans toute la région. Il a également souligné le défi que représente la gestion de la désinformation dans un pays où le taux d’alphabétisation est faible. Pour relever ce défi, Delhi a travaillé avec la société civile et des organisations de vérification des faits pour vérifier les informations circulant dans la communauté, ainsi que pour démystifier les fausses affirmations, en particulier lors d’événements critiques tels que les élections ou les crises sanitaires. La ville a également constaté que l’utilisation des arts et de la culture peut contribuer à façonner les attitudes et les comportements des communautés, les films, en particulier, étant un outil puissant pour façonner les récits.

Ismail Rafeeq, maire de la ville de Fuvahmulah (Maldives), a fait part des mesures prises par sa ville pour lutter contre la désinformation. Fuvahmulah a intégré la pensée critique et l’alphabétisation numérique dans les programmes scolaires, encourageant une utilisation responsable des médias sociaux chez les jeunes. Lors des dernières élections présidentielles, les Maldives ont été confrontées à une vague de rumeurs à caractère politique qui ont suscité des tensions au sein de la communauté. La ville a réagi en organisant des programmes de sensibilisation de la communauté afin d’établir un dialogue direct avec les habitants et de clarifier les rumeurs. En outre, le gouvernement local a activement surveillé et signalé les fausses informations sur les plateformes de médias sociaux, en collaborant avec des influenceurs et des activistes locaux pour amplifier les informations factuelles. Les influenceurs jouent un rôle majeur dans la formation de l’opinion publique aux Maldives, mais malheureusement, ils diffusent parfois à leur insu des informations erronées. En s’engageant directement, la ville s’est assurée que les influenceurs agissent comme des agents positifs de changement plutôt que comme des amplificateurs de division.

Peter Odima, ministre du logement et du développement urbain du comté de Busia (Kenya), s’est fait l’écho du défi mondial posé par les médias sociaux, notant que les méthodes actuelles de lutte contre la désinformation sont largement réactives et interviennent souvent après que le mal a été fait. Il a souligné la nécessité de mesures proactives, y compris des programmes ciblés pour enseigner aux jeunes une utilisation responsable des médias sociaux et l’inclusion de la maîtrise des médias sociaux dans les programmes scolaires pour les aider à identifier les fausses nouvelles et à évaluer de manière critique le contenu en ligne. Il a également appelé à l’adoption de lois claires et applicables pour tenir les individus responsables de la création et de la diffusion de fausses informations, soulignant que si la liberté d’expression est importante, elle ne doit pas se faire au détriment de l’harmonie de la société.

Eric Apelgren, chef du département des relations internationales et intergouvernementales de la ville de Durban (Afrique du Sud), a abordé la question du fossé générationnel dans la maîtrise des médias sociaux. Il a noté que de nombreux dirigeants politiques et administratifs ne sont pas aussi habiles à naviguer sur les plateformes de médias sociaux que la jeune génération. Ce décalage limite leur capacité à répondre rapidement et efficacement aux questions émergentes. Il a également souligné les défis posés par le développement rapide de l’intelligence artificielle (IA), notamment les deepfakes et les contenus générés par l’IA, qui font qu’il est de plus en plus difficile de discerner la vérité de la désinformation. Il a souligné l’importance de former les maires, les dirigeants politiques et les fonctionnaires à la maîtrise des médias sociaux, afin qu’ils soient mieux à même de comprendre le fonctionnement des plateformes, les stratégies utilisées pour diffuser la désinformation et la manière de la contrer efficacement.

Les participants ont convenu que les collectivités locales jouent un rôle crucial dans la lutte contre la menace que la désinformation fait peser sur la cohésion sociale en mettant en œuvre des mesures proactives telles que la promotion de l’éducation aux médias, l’engagement dans la sensibilisation de la communauté et le déploiement de contre-récits. En favorisant les partenariats avec les organisations locales, en tirant parti de la technologie pour surveiller et contrer les faux récits et en assurant une communication transparente, les collectivités locales peuvent renforcer la résistance à la désinformation et maintenir la cohésion sociale.

L’une des principales préoccupations des villes du Sud (et d’ailleurs) est de savoir comment impliquer les jeunes dans la prévention de la haine, de l’extrémisme et de la polarisation, étant donné que les jeunes sont souvent à la fois les plus vulnérables à la radicalisation et les plus capables d’apporter des changements positifs au sein de leurs communautés. Un large consensus s’est dégagé parmi les représentants des villes participantes sur l’importance d’investir dans les jeunes, en leur donnant les compétences et les connaissances nécessaires pour reconnaître et contrer les récits extrémistes, afin non seulement de contribuer à la prévention de la haine et de la violence, mais aussi de favoriser un sentiment d’appropriation et de responsabilité à l’égard de leurs communautés.

Mohamed Maaitah, maire de Karak (Jordanie), a expliqué comment sa ville a activement impliqué les jeunes dans la prévention de l’extrémisme violent par le biais de diverses initiatives. Avec le soutien de Strong Cities, Karak a établi un Réseau local de prévention, qui implique les jeunes dans la conduite d’évaluations des besoins dans leurs communautés et dans la présentation de leurs résultats aux décideurs politiques. En outre, l’Académie d’action civique des jeunes permet aux jeunes Jordaniens de jouer un rôle actif dans la construction de la cohésion sociale et la prévention de la violence. Ce programme comprend des sessions sur les responsabilités civiques, l’éducation aux médias et la lutte contre les discours haineux et la désinformation. Karak a également utilisé le sport, les arts et le théâtre, ainsi que des initiatives telles que Yalla Netghayyar, pour impliquer les communautés locales et travailler avec les enfants et les jeunes, afin de favoriser une culture de la paix et de la résilience. Ces efforts ont été essentiels pour que les jeunes se sentent inclus et qu’ils aient le sentiment de faire partie intégrante de leur communauté.

David Kuria, responsable du logement et du développement urbain du comté de Nakuru (Kenya), a expliqué comment le comté a géré la révolution Gen Z de juin 2024, c’est-à-dire les manifestations menées par les jeunes Kényans contre une série de propositions fiscales impopulaires. Le comté de Nakuru a organisé des dialogues mensuels qui ont réuni des représentants du gouvernement du comté, de la société civile et de la jeunesse pour des dialogues visant à fournir des informations précises aux jeunes et à encourager leur engagement dans l’élaboration des politiques.

Gertrude Gamwera, secrétaire générale de l’Association des comtés et gouvernements locaux d’Afrique de l’Est (EACLGA) et responsable de la plateforme régionale Strong Cities East and Southern Africa (ESA), a souligné l’importance d’aligner les politiques locales sur les cadres nationaux afin de prévenir la haine, l’extrémisme et la polarisation. Les gouvernements locaux sont souvent les premiers à détecter les signes de troubles sociaux et peuvent mettre en œuvre des interventions immédiates et spécifiques au contexte. Cependant, elles peuvent manquer de ressources et d’un cadre stratégique plus large que les gouvernements nationaux peuvent fournir. En travaillant ensemble, les autorités locales peuvent tirer parti des ressources, de l’expertise et du soutien politique nationaux pour s’attaquer plus efficacement aux causes profondes de la haine et de l’extrémisme qui peuvent conduire à la violence. En outre, un front uni entre les gouvernements nationaux et locaux envoie aux communautés un message fort de solidarité et d’engagement en faveur de la cohésion sociale, ce qui contribue à renforcer la confiance du public et la résistance face à ceux qui tentent de diviser les communautés.

Joseph Dzuwa, du ministère du gouvernement local, de l’unité et de la culture du Malawi, a expliqué que le Malawi avait fait des progrès significatifs dans le renforcement de la coopération nationale-locale avec le soutien de Strong Cities. À la suite de réunions initiales facilitées par le Réseau, le Malawi a élaboré une stratégie globale visant à garantir que les politiques nationales et les cadres juridiques reflètent les réalités locales, notamment en tirant parti des structures existantes, telles que la loi sur la paix et l’unité (Peace and Unity Act). Le Malawi a également lancé une politique de décentralisation révisée pour permettre aux villes de mieux contrôler la planification et les ressources. La stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et la politique nationale de paix sont en cours de révision dans le même but, afin de permettre aux villes de jouer un rôle plus actif dans la prévention de la haine et de l’extrémisme.

Enfin, la session a discuté des avantages de la collaboration Sud-Sud et du partage des connaissances, des ressources et des bonnes pratiques en matière de prévention de la haine, de l’extrémisme et de la polarisation. Cette collaboration permet aux gouvernements locaux d’apprendre des expériences et des stratégies de chacun, en adaptant les initiatives réussies à leurs propres défis.

Priscilla Demana, directrice générale des services communautaires de la municipalité de Musina (Afrique du Sud), a souligné les défis auxquels sa ville est confrontée dans le contexte de la migration, compte tenu de sa situation frontalière avec le Zimbabwe, le Botswana et le Mozambique. L’augmentation significative du nombre de sans-papiers a pesé sur les ressources limitées de Musina et a donné lieu à des tensions au sein de la communauté. Grâce à un partenariat avec la ville de Koboko (Ouganda), avec l’aide de Strong Cities, Musina a mis en œuvre un modèle qui inclut et encourage les leaders migrants à participer aux comités locaux, garantissant ainsi que les migrants participent activement à la résolution des problèmes auxquels ils sont confrontés. Ce modèle, qui pourrait s’appliquer à des villes confrontées à des problèmes similaires dans d’autres régions du Sud, contribue à établir des relations entre les migrants et les communautés d’accueil, ce qui permet de réduire les tensions qui peuvent survenir en raison de la concurrence pour des ressources limitées.

La session du sommet consacrée à la coopération Sud-Sud a souligné l’importance de la collaboration et des échanges entre villes du Sud, qu’il s’agisse d’exploiter les connaissances régionales ou d’échanger des approches novatrices pour relever des défis communs. La session a également souligné que si la désinformation, la haine et l’extrémisme, ainsi que les contraintes de ressources continuent de poser des défis au niveau local pour les villes d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, l’apprentissage de ville à ville et l’échange d’approches novatrices entre les gouvernements locaux au sein des régions et entre elles offrent une voie vers des solutions durables. Strong Cities s’engage à soutenir et à catalyser les actions menées par les villes pour relever ces défis par le biais de la collaboration Sud-Sud, de ses centres régionaux et d’événements mondiaux tels que le Cinquième Sommet mondial. Les prochaines étapes comprendront des webinaires interrégionaux et l’identification d’autres opportunités pour soutenir les projets et les partenariats des villes par le biais du Fonds de soutien technique de Strong Cities.

Parmi les nouvelles notes d’information sur les villes fortes et les autres ressources, on peut citer

Le cinquième sommet mondial a été rendu possible grâce au soutien généreux de l’Union européenne, du ministère des affaires étrangères du Danemark, de Sécurité publique Canada, du département d’État américain et de la ville du Cap.

Les opinions exprimées dans ce rapport de session ne reflètent pas nécessairement celles de tous les membres du Réseau Strong Cities, de l’Unité de gestion ou des sponsors et partenaires du Sommet.

Pour plus d’informations sur le cinquième sommet mondial ou sur le réseau des villes fortes, veuillez contacter [email protected].

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