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Renforcer les partenariats, les programmes et les politiques de prévention au niveau local Londres

Date de publication :
29/03/2022
Type de contenu :
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— 19 minutes temps de lecture

VUE D’ENSEMBLE

Dans le cadre de ses efforts continus pour promouvoir des approches plus locales de la prévention de l’extrémisme, de la haine et de la polarisation qui tirent parti des avantages comparatifs des villes et des autres autorités locales en particulier, le Réseau des villes fortes (RCS), en collaboration avec le maire de Londres et avec le soutien du Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni (FCDO), a organisé un atelier de deux jours à Londres sur le thème « Renforcer les partenariats, les programmes et les politiques de prévention au niveau local ». L’atelier a réuni 50 représentants des gouvernements locaux et centraux et de la société civile en France, en Allemagne, en Suède et au Royaume-Uni pour partager des expériences et échanger des bonnes pratiques et des défis liés au développement et à la mise en œuvre d’une approche « ascendante » de la prévention. Parmi les questions abordées, citons la nécessité de définir clairement les rôles des municipalités, de la société civile et du gouvernement central afin d’optimiser les efforts de prévention menés au niveau local ; les obstacles à une coordination et une collaboration efficaces entre les différents niveaux d’acteurs et les moyens de les surmonter ; les différentes approches du développement et de la mise en œuvre de cadres de prévention multi-acteurs menés par les villes ; les ingrédients clés de la mise en place et du maintien de programmes de prévention menés au niveau local ; et les avantages du suivi et de l’évaluation (S&E) et du partage des enseignements tirés des efforts de prévention au niveau local.

Vous trouverez ci-dessous les principales conclusions des discussions, qui se sont déroulées conformément à la règle de Chatham House, ainsi qu’une série de propositions pour les prochaines étapes pour les participants à l’atelier, le RCS et le domaine plus large de la prévention de la violence motivée par la haine et l’extrémisme. Les opinions exprimées dans ce document sont basées sur les discussions de l’atelier uniquement, et ne représentent pas nécessairement le SCN, le FCDO, le maire de Londres, ni les membres du SCN.

PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS

1. La politique et les programmes de prévention locaux doivent refléter le paysage de menaces de plus en plus hybrides auquel les villes sont confrontées.

Les participants ont noté que ces dernières années ont été marquées par une transformation de l’écosystème extrémiste. Les mouvements extrémistes violents et les groupes haineux sont passés de groupes disparates et centralisés à de vastes réseaux non structurés et interconnectés qui traversent les frontières nationales. Il a été noté que cette évolution a été facilitée par les médias sociaux, en particulier les plateformes marginales, qui permettent aux extrémistes violents et autres acteurs mal intentionnés de créer des écosystèmes entièrement différents, difficiles à surveiller, et de profiter de moments de crise tels que la pandémie de COVID-19 pour diffuser leurs messages et radicaliser de nouveaux individus à la violence. Les participants ont souligné que les lignes de démarcation entre des mouvements disparates se sont également estompées, ce qui permet aux individus de passer d’un mouvement à l’autre et d’un contexte géographique à l’autre. Cette menace hybride et post-organisationnelle a été décrite comme présentant de nouveaux défis aux décideurs politiques et aux praticiens, nécessitant une réévaluation de la pertinence des cadres de prévention existants, généralement cloisonnés, pour faire face aux menaces interdépendantes.

Il est important de noter que les menaces restent enracinées localement, les extrémistes violents et autres acteurs nuisibles exploitant les griefs politiques, sociaux et économiques pour recruter et semer la division au niveau local. Il a été souligné que l’impact des questions hybrides de la haine, de l’extrémisme, de la désinformation et de la conspiration est le plus palpable au niveau local : qu’il s’agisse du pic de crimes de haine anti-asiatiques qui a suivi la diffusion de la désinformation liée au COVID, ou de la mobilisation anti-vaccins et anti-blocage, ce sont les villes et les autres autorités locales qui doivent faire face à la plus grande partie de la riposte. Les efforts déployés au niveau local étant plus pertinents que jamais, les participants ont souligné que les politiques et les programmes mis en œuvre au niveau local doivent refléter la nature transnationale et hybride du paysage des menaces, ainsi que la manière dont elles se manifestent au niveau local. Les villes doivent donc comprendre les tendances mondiales, transnationales et nationales et avoir cartographié la menace au niveau local, y compris les facteurs de risque spécifiques au contexte qui alimentent la violence et la polarisation motivées par la haine et l’extrémisme dans leurs communautés. Dans le même temps, les participants ont souligné que les programmes locaux devraient adopter une approche « globale de la société » qui reconnaisse que les facteurs qui poussent les individus à la violence extrémiste et motivée par la haine peuvent être similaires à ceux qui conduisent à d’autres types de dommages, et que les efforts déployés au niveau local pour lutter contre ce type de violence devraient faire partie d’une stratégie locale plus large de sauvegarde ou de prévention de la violence.


2. Les organisations de base sont bien placées et devraient être soutenues pour contribuer, voire diriger, le travail de prévention local en partenariat avec les autorités locales.

Les villes ne sont pas les seuls acteurs locaux à jouer un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience et la prévention de la violence motivée par la haine et l’extrémisme. Les participants ont convenu que les organisations de base de la société civile (OSC) sont un partenaire essentiel de la prévention locale, étant donné qu’elles ont un accès direct aux communautés locales et qu’elles sont crédibles auprès d’elles, en particulier celles qui se sentent marginalisées ou exclues du reste de la population locale. Les OSC peuvent donc aider les villes et les autres autorités locales à accéder à ces communautés et peuvent jouer un rôle important dans l’instauration d’un climat de confiance entre ces communautés et les autorités locales.

En outre, les participants ont souligné que le soutien aux OSC locales devrait aller au-delà des organisations bien établies et s’adresser aux petites organisations de base qui n’ont peut-être pas la présence publique de leurs homologues plus importants, mais qui disposent des réseaux locaux dynamiques, des capacités et de la crédibilité nécessaires pour concevoir et mettre en œuvre des programmes hyperlocaux percutants et dont les organisations plus établies peuvent être dépourvues. Enfin, au-delà du financement des efforts de prévention menés par les OSC, les gouvernements centraux et locaux devraient investir dans le développement institutionnel de ces OSC, ce qui peut inclure l’offre ou la fourniture de formations techniques, notamment en matière de suivi et d’évaluation (voir le point clé 5), de gestion de projet et d’autres capacités essentielles qui permettront de professionnaliser leurs programmes. Il convient toutefois de procéder avec prudence, afin d’éviter une association trop étroite avec les autorités locales, qui pourrait involontairement saper la crédibilité des OSC de base auprès des communautés locales, en particulier celles qui sont historiquement marginalisées et celles qui manquent déjà de confiance dans le gouvernement et la police.

3. Le secteur privé, y compris les secteurs de la technologie et des médias, reste une ressource inexploitée pour la prévention locale.

Des initiatives telles que l’application IREPORTIT du maire de Londres démontrent les résultats tangibles des partenariats public-privé en matière de prévention. L’application mobile et web a été conçue en partenariat entre le secteur technologique londonien et le maire de Londres, en tirant parti de l’expertise en ingénierie numérique du premier et de la compréhension des besoins locaux en matière de prévention du second pour créer une plateforme conviviale permettant aux Londoniens de signaler les contenus préjudiciables directement aux autorités compétentes.

Les participants ont également souligné l’importance et les avantages d’un partenariat entre les OSC et les autorités locales, d’une part, et les entreprises de médias locales et nationales, d’autre part. L’accent a été mis sur le fait que ces acteurs locaux peuvent être d’importants conseillers en matière de représentation responsable et d’inclusion dans les médias locaux et nationaux, en tirant parti de leur accès aux communautés marginalisées ou sous-représentées pour informer les entreprises de médias locales et nationales des éléments suivants a) le préjudice causé par les fausses déclarations, et b) comment représenter les différentes communautés de manière précise et inclusive.

Malgré des exemples comme ceux-ci, qui soulignent les mérites de l’investissement du secteur privé dans la prévention locale, le secteur reste peu impliqué. En effet, les participants ont fait remarquer à quel point il est difficile d’impliquer de manière significative le secteur privé dans la prévention, et encore plus de s’assurer de son soutien pour les efforts déployés dans ce domaine. Certains ont fait remarquer que cela pouvait découler de la nature historiquement trop sécuritaire des efforts de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent, et que le secteur privé pouvait hésiter à s’associer à un ensemble de questions qui ont traditionnellement été formulées dans le contexte de la sécurité nationale. Cela renvoie à une question plus large concernant le cadrage, que les participants ont soulevée tout au long de l’atelier. Ils ont souligné l’importance d’être sensible à la manière dont les questions sont formulées et aux étiquettes qui sont utilisées afin d’atténuer les risques d’aliénation, d’isolement ou de stigmatisation des parties prenantes locales dont l’implication dans leur programme est essentielle à sa réussite. Cela doit toutefois se faire d’une manière qui reste fidèle aux objectifs ultimes et à la mission du programme.

4. Le domaine de la prévention bénéficierait d’une collaboration et d’une coordination accrues entre les niveaux national et local et entre les niveaux local et national.

Afin de favoriser une approche véritablement « globale de la société », axée sur les besoins et les priorités des autorités locales et des OSC, les participants à l’atelier ont souligné l’importance d’améliorer la coordination, la communication et la collaboration en matière de programmes et de politiques de prévention entre tous les acteurs concernés d’un pays. Certains se sont toutefois inquiétés de l’absence ou de l’inefficacité du partage d’informations et des canaux de communication existants entre les institutions et les organisations (gouvernements nationaux et locaux, autorités locales et société civile). Il a été souligné qu’un cadre national global de prévention ne suffit pas à lui seul. Sa traduction en actions locales nécessite la participation des autorités locales, qui devraient être invitées à contribuer à l’élaboration d’un tel cadre afin de s’assurer qu’il est adapté aux besoins et aux priorités des différentes régions du pays.

Les participants ont souligné que ce décalage persistant entre les cadres nationaux de prévention et leur mise en œuvre au niveau local est dû en partie au manque d’opportunités pour les autorités locales et les OSC de contribuer à l’élaboration de ces cadres. C’est également le cas au niveau mondial, les voix des autorités locales étant encore trop souvent absentes des forums mondiaux et de l’établissement de l’ordre du jour en matière de prévention. Les gouvernements centraux peuvent jouer un rôle essentiel en faisant entendre ces voix et en collaborant avec les acteurs locaux pour veiller à ce que les cadres nationaux soient appliqués localement et éclairés par ceux qui ont un accès direct aux communautés les plus touchées par la haine, l’extrémisme, la désinformation et d’autres problèmes connexes.

Outre la nécessité de renforcer la « coopération verticale » en matière de prévention au sein d’un pays, les participants ont souligné l’importance de renforcer la « coopération horizontale » en matière de prévention, que ce soit au sein d’un pays (par exemple, pour faciliter le partage et l’apprentissage entre villes au sein d’un pays) ou, l’atelier de Londres servant d’exemple utile, entre les parties prenantes de différents pays (par exemple, pour permettre davantage d’échanges d’expériences et d’opportunités de création de partenariats).

En ce qui concerne la coopération horizontale au niveau local, les participants ont souligné les cloisonnements qui peuvent exister et le fait que les autorités locales peuvent jouer un rôle de coordination important pour relier les prestataires de services entre eux et atténuer les risques de redondance plutôt que de complémentarité dans la fourniture des services.

5. Si des progrès ont été accomplis en matière de suivi et d’évaluation du travail de prévention, ils restent incohérents et trop souvent inaccessibles, et les possibilités d’apprentissage croisé sont rares.

Le domaine du suivi et de l’évaluation liés à la prévention est naissant et complexe, les bailleurs de fonds souhaitant s’assurer que les efforts de prévention qu’ils soutiennent s’appuient sur une compréhension de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Si des progrès ont été accomplis dans ce domaine grâce, par exemple, au projet de prévention du Royal United Service Institute, qui a dissipé bon nombre des « hypothèses » sur lesquelles s’appuyait le domaine de la prévention, il reste encore beaucoup à faire.

Les participants ont souligné que le défi provient en partie du petit nombre de programmes de prévention menés au niveau local qui ont été correctement évalués et du nombre encore plus petit d’évaluations accessibles à la communauté élargie des chercheurs en prévention, des concepteurs de programmes et des praticiens. En outre, les participants ont fait état d’un manque de ressources et de capacités techniques internes en matière de suivi et d’évaluation. C’est notamment le cas des OSC, en particulier des organisations hyperlocales, qui reçoivent un financement de projet limité et à court terme qui n’inclut généralement pas de budget pour améliorer les capacités organisationnelles de suivi et d’évaluation du projet de manière efficace. Les OSC peuvent ainsi se retrouver dans un cycle difficile où l’on attend de plus en plus d’elles (par exemple, de la part de la communauté des donateurs et/ou de partenaires potentiels) qu’elles fournissent des données sur l’impact, mais où il n’y a pas de ressources pour les aider à le faire. Les participants ont toutefois souligné que les gouvernements locaux et centraux, ainsi que le secteur privé, peuvent contribuer à briser ce cycle, soit en incluant des fonds pour les activités de renforcement des capacités de S&E dans le budget global du projet, soit en mettant en relation les OSC et d’autres acteurs locaux avec des experts en S&E, soit en finançant directement la formation en S&E pour les concepteurs et les exécutants des programmes. En outre, si l’amélioration du suivi et de l’évaluation sur le terrain est une première étape importante, les participants ont fait remarquer qu’il est tout aussi important de veiller à ce que les enseignements tirés du suivi et de l’évaluation soient accessibles à d’autres personnes.

Les participants ont convenu qu’au minimum, les bailleurs de fonds devraient insister pour que les responsables de la mise en œuvre des programmes publient leurs évaluations afin de favoriser une culture de la responsabilité et de faciliter l’apprentissage de ce qui fonctionne et de ce qui peut être contre-productif dans la prévention et la lutte contre la haine et l’extrémisme. Les participants ont également observé que, malgré la demande croissante en matière de suivi et d’évaluation et la reconnaissance de son importance, il n’existe toujours pas de centre de ressources pertinent pour ceux qui souhaitent se familiariser avec ce domaine.

PROCHAINES ÉTAPES

Pendant l’atelier et en marge de celui-ci, les participants ont discuté des prochaines étapes possibles pour tirer parti de la dynamique de l’atelier. Un certain nombre de ces étapes sont décrites ci-dessous :

1. En s’appuyant sur la collaboration avec le maire de Londres et afin de soutenir le partage des pratiques et expériences locales, le RCS devrait s’associer à une autre ville de l’un des pays représentés pour organiser une discussion de suivi sur certains des thèmes clés identifiés lors de l’atelier de Londres. Ce serait également l’occasion d’inclure dans les discussions des autorités locales supplémentaires et des associations pertinentes axées sur la ville dans chaque pays. En outre, les participants à l’atelier ont déclaré que l’événement de Londres constituait un forum utile pour renouer de manière significative avec leurs homologues d’autres pays, après deux années de communications à distance en raison de la pandémie de COVID-19. Le fait de se réunir en personne pour discuter de questions urgentes et partager des expériences permet de a) une meilleure mise en réseau, b) des occasions de discuter de manière organique de questions d’intérêt commun et de domaines potentiels de collaboration, et c) des discussions plus interactives et informelles que ne le permettent les forums virtuels.

2. Les gouvernements centraux et locaux devraient s’appuyer sur les bonnes pratiques existantes pour améliorer la coordination nationale-locale. Il existe plusieurs ressources complètes pour aider les villes et les gouvernements centraux à améliorer leur coopération, leur coordination et leur communication. Il s’agit, par exemple, du guide du réseau de sensibilisation à la radicalisation (RAN) intitulé « National Hubs Supporting Local Actors », qui souligne les avantages clairs et tangibles de la coordination nationale-locale, et des bonnes pratiques du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF) sur le renforcement de la coopération nationale-locale. Le RCS, qui a soutenu l’élaboration des bonnes pratiques du GCTF, lancera également un groupe de travail sur la « coopération nationale-locale » afin de soutenir la mise en œuvre de ces bonnes pratiques dans différents pays et régions, sous l’égide des villes et sur mesure. En outre, le renforcement de la coopération nationale-locale pourrait constituer un élément central de l’atelier de suivi mentionné au point 1 ci-dessus.

3. Les gouvernements et la société civile devraient redoubler d’efforts pour inciter le secteur privé à participer à la prévention. Même si cela s’avère difficile, les efforts visant à amener le secteur privé à investir dans des partenariats public-privé en matière de prévention doivent être poursuivis. Pour soutenir les gouvernements et les autres acteurs, le RCS pourrait faire appel à ses membres du monde entier pour recenser les études de cas, les enseignements tirés et les bonnes pratiques en matière de partenariats public-privé en vue d’une prévention menée à l’échelon local. Cela peut se faire en partenariat avec, par exemple, le Fonds mondial pour l’engagement et la résilience des communautés (GCERF), les groupes de travail pertinents du RAN et/ou le GCTF.

4. À partir des contributions des participants à l’atelier, le RCS devrait constituer un répertoire de ressources pour le suivi et l’évaluation, comprenant des formations pratiques et des évaluations existantes de travaux de prévention menés à l’échelon local. Il s’agit d’une première étape importante et réalisable pour remédier au manque de ressources en matière de suivi et d’évaluation dont disposent les acteurs locaux et nationaux de la prévention, et qui permettrait aux villes de présenter leurs efforts de prévention et de partager les bonnes pratiques et les enseignements tirés de manière durable et accessible.

RESSOURCES

Les ressources suivantes ont été recommandées par les participants à l’atelier comme un suivi utile des discussions qui ont eu lieu pendant les deux jours de l’atelier.

Généralités :

Coopération nationale-locale :

Outils, modèles et guides :

Autre :

Initiatives spécifiques :

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