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Le Kenya lance un nouveau programme d’interventions communautaires

Date de publication :
26/08/2020
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— 6 minutes temps de lecture

Ci-dessus : Les membres de PROACT, un programme d’intervention communautaire visant à lutter contre la polarisation et l’extrémisme au Kenya, lors du lancement en août 2020.

Dominic Pkalya
Responsable de programme, Réseau des villes fortes (RCS)


Un tout nouveau programme d’intervention communautaire lancé au Kenya vise à intégrer les communautés dans les plans d’action locaux.

Au cours des cinq dernières années, l’indice mondial du terrorisme a classé le Kenya parmi les 25 pays les plus touchés par le terrorisme, principalement perpétré par Al Shabaab. On estime généralement que le pays fournit le plus grand contingent de combattants étrangers au groupe terroriste, le recrutement étant motivé par une combinaison de marginalisation socio-économique et politique historique des régions à dominante musulmane du pays, une forte poussée de la jeunesse, une économie médiocre et un déficit de confiance entre les communautés et les autorités. La région de l’Afrique de l’Est au sens large est également témoin d’une recrudescence des opérations de l’État islamique à la suite de ses pertes territoriales et militaires en Irak et en Syrie.

Face à ce défi, le gouvernement kenyan et d’autres acteurs non étatiques ont redoublé d’efforts pour « assécher le marais de la radicalisation » et ont élaboré des plans d’action de comté (CAP) à cet effet. Toutefois, des lacunes subsistent au niveau des ressources et de la mise en œuvre de ces plans d’action. La confiance entre les autorités et les communautés fait toujours défaut, ce qui ne fait qu’éroder les quelques progrès réalisés par les acteurs du P/CVE.

Une réponse possible est apparue sous la forme d’un nouveau programme d’interventions communautaires, PROACT, lancé en juin de cette année en partenariat avec l’organisation mère du RCS, l’Institut pour le dialogue stratégique (ISD), ainsi qu’avec le gouvernement national kenyan et les gouvernements sous-nationaux des comtés de Kwale, de Nakuru et d’Isiolo.

Conçu pour renforcer la coordination entre et parmi les organisations nationales, infranationales et de la société civile (OSC) afin d’endiguer la radicalisation et l’extrémisme, PROACT s’appuie sur les meilleures pratiques mondiales, mais est fermement ancré dans les divers environnements des communautés à travers le paysage kenyan. L’inclusion des dirigeants des comtés et des OSC s’inspire d’exemples internationaux de premier plan, y compris les propres réseaux locaux de prévention du RCS au Moyen-Orient et dans les Balkans occidentaux, et garantira que les interventions communautaires sont à la fois multiformes et fondées sur des cadres basés sur les droits de l’homme.

En plus de soutenir les stratégies kenyanes existantes en matière de prévention des conflits et de lutte contre la pauvreté, ancrées localement dans les PAC, l’un des principaux objectifs de PROACT est de fonder ses activités sur des données probantes existantes, tout en soutenant de nouvelles recherches sur le terrain menées par le SCN et Act Change Transform (Act !), un sous-traitant national chargé de la recherche, du suivi et de l’évaluation, qui ouvrira la voie à d’autres activités. Le programme travaille également en étroite collaboration avec des partenaires basés dans les comtés, notamment Human Rights Agenda à Kwale, Midrift Hurinet à Nakuru et Isiolo Peace Link à Isiolo.

« Le rôle de PROACT dans les mois à venir pour identifier, cartographier, signaler et finalement dissiper la désinformation liée au COVID-19 grâce à ses connexions avec les réseaux de base à travers le Kenya, sera vital ».

COVID-19

L’extrémisme et la polarisation ne sont pas les seules menaces auxquelles PROACT s’attaquera. Le programme est mis en œuvre au plus fort de la pandémie de COVID-19 et de la vague de désinformation en ligne qui l’accompagne. Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a prévenu que la pandémie de coronavirus menace non seulement les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté et la consolidation de la paix, mais risque également d’exacerber d’anciens conflits et d’en générer de nouveaux. La pandémie a également suscité de nouvelles tensions concernant les brutalités policières dans l’application des mesures d’endiguement, tandis que les bouclages localisés, les couvre-feux nationaux de l’aube au crépuscule et les mesures de distanciation sociale ont entraîné la perte d’emplois et de moyens de subsistance, qui peuvent à leur tour être facilement exploités par Al Shabaab pour se radicaliser et recruter.

Au Kenya, comme dans de nombreuses autres régions du monde, Al Shabaab s’est engagé dans d’importantes campagnes de désinformation concernant le virus COVID-19 et les réponses du gouvernement. Des récits tels que le virus est une « maladie occidentale qui ne touche que les riches », un petit « soldat d’Allah » et une « punition divine pour les infidèles » ont été cités.

Pour remédier à cette situation, lors du lancement du programme dans le comté de Nakuru, un responsable du centre national de lutte contre le terrorisme a appelé à une « double finalité » de la P/CVE, qui vise à intégrer les interventions liées à l’IVAC-19 dans les programmes habituels de P/CVE. Le fonctionnaire a ajouté que « nous ne pouvons plus fuir cette pandémie et le mieux que nous puissions faire est d’utiliser notre programme actuel pour sensibiliser à la pandémie, à la manière dont elle peut être évitée et, plus important encore, à la manière dont elle peut modifier, pour le pire, le paysage de la protection et de la conservation de la vie privée ». Le rôle de PROACT dans les mois à venir pour identifier, cartographier, signaler et finalement dissiper la désinformation liée au COVID-19 grâce à ses connexions avec les réseaux de base à travers le Kenya, sera vital.

Recherche

La recherche fondée sur des données probantes a été identifiée comme une autre lacune majeure dans les interventions de P/CVE. La recherche, à la fois hors ligne et en ligne, sur l’écosystème extrémiste au Kenya et dans la région de l’Afrique de l’Est en général a été définie comme un objectif du programme. Outre l’analyse des nouvelles tactiques et stratégies de recrutement des terroristes, la recherche se concentrera sur la fourniture de services locaux tels que l’évaluation de la mise en œuvre des PAC et la cartographie des prestataires de services psychosociaux et de guérison des traumatismes. Dans le cadre de son programme « Jeunes Villes », le RCS entreprend des recherches sur le contenu haineux et extrémiste du COVID-19 au Kenya, au Liban et au Sénégal afin de comprendre comment l’exposition des jeunes à des contenus haineux et extrémistes pendant la pandémie les a affectés, et de formuler des recommandations sur la manière de prévenir ce phénomène.

Les résultats de ces recherches seront communiqués aux communautés et aux parties prenantes sur le terrain afin de s’assurer que les leçons tirées sont intégrées et contribuent à la programmation en matière de prévention et de lutte contre la criminalité organisée.

L’engagement des communautés locales et l’intégration de leurs connaissances et de leur expérience dans les efforts de prévention nationaux et infranationaux est une initiative relativement nouvelle dans le domaine de la prévention et de la répression des crimes contre l’humanité au niveau international. Le Kenya offre un exemple important à cet égard, avec le lancement en 2015 de plusieurs plans d’action locaux reflétant les priorités locales. Bien que ces plans aient été critiqués à l’époque parce qu’ils ne tenaient pas suffisamment compte des préoccupations des communautés, PROACT fait partie de la prochaine étape cruciale qui consiste à réviser ces plans d’action et à les renforcer par des recherches fondées sur des preuves et des critiques locales, tout en s’efforçant de renforcer la confiance des communautés et les relations avec les forces de l’ordre et les autorités locales.

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