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Renforcement de la coopération nationale et locale et du rôle des autorités locales dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la criminalité en Indonésie

Date de publication :
22/12/2022
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— 11 minutes temps de lecture

Le Réseau des villes fortes a réuni des responsables locaux et nationaux et des acteurs de la société civile de toute l’Indonésie pour discuter du rôle des autorités locales dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent (P/CVE) ainsi que des possibilités de renforcer la coopération nationale-locale (NLC) dans le domaine de la prévention et de la lutte contre l’extrémisme violent.

Les 6 et 7 décembre 2022, 38 fonctionnaires et représentants des autorités nationales et locales, de la société civile, des organisations religieuses et du monde universitaire de toute l’Indonésie se sont réunis pour un dialogue sur le renforcement des CLN dans la lutte contre la criminalité organisée et sur le rôle des autorités locales indonésiennes dans la prévention de la haine, de l’extrémisme et de la polarisation.

L’événement, qui s’est tenu à Surakarta, a été organisé en collaboration avec le Centre mondial pour la sécurité coopérative (GCCS) et l’Agence nationale indonésienne de lutte contre le terrorisme (BNPT). Il a été généreusement soutenu par le Royaume des Pays-Bas et le ministère australien des affaires étrangères et du commerce. (Parmi les participants figuraient des représentants du BNPT, du ministère indonésien de l’intérieur des provinces de Sulawesi central, Java central, Surabaya, Aceh et Surkarta, du Forum de coordination des dirigeants locaux (FKPD), du Forum de coordination sur la prévention du terrorisme (FKPT), de la société civile et d’organisations religieuses, ainsi que des ambassades d’Australie et des Pays-Bas.

Ce dialogue s’inscrivait dans le cadre d’un projet en cours mené par Strong Cities et financé par le DFAT, visant à soutenir la mise en œuvre du Mémorandum sur les bonnes pratiques pour le renforcement des CLN dans les pays en proie à la criminalité transnationale organisée du Forum mondial contre le terrorisme. L’unité de gestion du RCS élabore actuellement une boîte à outils pour aider les villes à adopter ces bonnes pratiques, qui sera lancée en septembre 2023.

La session a commencé par un aperçu du paysage en constante évolution de l’extrémisme violent en Indonésie et des raisons pour lesquelles les autorités locales ont un rôle important à jouer dans la lutte contre ce phénomène. Les discussions ont porté sur les défis posés par les personnes revenant des zones de conflit en Irak et en Syrie. L’ampleur du défi a été mise en évidence le deuxième jour de l’événement, lorsqu’il a été annoncé qu’un kamikaze avait attaqué un poste de la police nationale indonésienne dans le district d’Astana Anyar à Bandung, dans l’ouest de Java, faisant un mort et onze blessés.

Les participants ont discuté de la nécessité de soutenir la participation des acteurs locaux – et en fait de l’ensemble de la société – à la prévention de l’extrémisme et d’autres formes de violence politique et sociale. Les représentants du BNPT et d’autres organisations ont souligné que l’atelier était l’occasion pour les acteurs des collectivités locales et de la société civile de partager leurs expériences en matière de P/CVE et leurs points de vue sur la meilleure façon de renforcer leur rôle et le CNL dans le domaine de la P/CVE.

Au cours de ces deux journées, des présentations et des interventions de divers acteurs travaillant sur la prévention et la lutte contre la traite des êtres humains en Indonésie, notamment aux niveaux national, régional, du district, de la ville et du village, ainsi que de la société civile et d’organisations religieuses et éducatives, ont permis de concrétiser cet objectif.

Mohamed Rizki Maulana, directeur général de Yayasan Prasasti Perdamaian (Institut pour la consolidation de la paix internationale), a présenté les principales conclusions et recommandations d’une cartographie commandée par le SCN sur les progrès et les défis de la mise en œuvre des bonnes pratiques du CLN du GCTF, ainsi que les possibilités et les recommandations pour renforcer le CLN lié à la prévention et à la répression de l’enlèvement d’enfants en Indonésie.

Des représentants du BNPT et du ministère de l’intérieur ont donné un aperçu du plan d’action national indonésien 2021 pour la prévention et la répression de la traite des êtres humains, y compris le processus par lequel il a été élaboré, son contenu et les plans visant à faciliter sa mise en œuvre.

Les présentations du Bureau des Nations et de l’Unité politique des provinces de Surakarta, Aceh et Sulawesi central se sont concentrées sur l’élaboration de plans d’action locaux, y compris les progrès réalisés, les acteurs impliqués et les domaines dans lesquels ces provinces ont besoin d’un soutien à l’avenir.

Les groupes de la société civile – AMAN Indonesia, Libu Perempuan et Percik Salatiga – ont présenté leurs approches actuelles de la prévention et de la répression des crimes contre l’humanité et ont expliqué comment ils considèrent que la société civile peut jouer un rôle clé dans les efforts de lutte contre la criminalité transnationale de manière plus générale.

Les participants ont échangé leurs points de vue sur la manière dont les efforts aux niveaux national, local et de la société civile peuvent être mieux coordonnés et synergisés, sur les lacunes actuelles du plan d’action national indonésien, sur la nécessité d’identifier les personnes marginalisées et les plus vulnérables à la radicalisation, puis de coopérer et de s’engager avec elles, et bien plus encore.

Au cours des discussions en petits groupes, les participants ont débattu des moyens de renforcer le rôle des autorités locales dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et, plus généralement, de renforcer les CLN liés à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des thèmes mis en évidence :

  1. L’harmonisation est importante. L’Indonésie est un pays multiethnique, multilingue et multireligieux, et l’hymne national indonésien souligne l’importance de l’unité dans ses paroles. Les écoles, les institutions religieuses et les médias devraient être utilisés comme des agents de tolérance religieuse pour améliorer la compréhension des différents groupes et instiller un esprit d’unité et d’harmonie, tout en célébrant la diversité, qu’elle soit religieuse, ethnique ou autre. L’implication des acteurs de l’éducation dans le domaine de la protection et de la conservation de la vie privée est essentielle pour atteindre cet objectif, certains participants plaidant en faveur d’une révision des programmes scolaires qui mettrait davantage l’accent sur la pensée critique, l’éducation aux médias et des enseignements religieux plus holistiques. Les participants ont souligné que cette démarche devait commencer dès le plus jeune âge et se poursuivre jusqu’à l’âge adulte, ce qui signifie que les écoles, du primaire à l’université, ont un rôle à jouer en matière de P/CVE.
  2. Augmenter les budgets, en particulier pour les efforts de prévention et de lutte contre la criminalité, notamment au niveau des autorités locales. La plupart des villes indonésiennes ne disposent pas d’un budget dédié à la prévention et à la lutte contre la criminalité, car elles sont déjà très sollicitées par les priorités existantes ou n’ont pas conscience de leur rôle. En outre, de nombreuses autorités et acteurs locaux ont besoin de l’autorisation du gouvernement national pour obtenir un financement, ce qui a souvent pour effet de saper l’élan et le sentiment d’appartenance au niveau local.
  3. Renforcer la participation des organisations religieuses telles que Nahdlatul Ulama et Muhammadiyah aux efforts de lutte contre la criminalité organisée. La portée de ces organisations s’étend à toutes les parties de la société indonésienne, servant de fournisseurs essentiels de services sociaux, et jouissant d’un haut niveau de confiance. Pourtant, ils sont actuellement sous-utilisés dans le cadre de la prévention et de la répression des crimes contre l’humanité et peuvent être employés non seulement en tant que partenaires de mise en œuvre, mais aussi pour contrôler les enseignants religieux et veiller à ce que les programmes des internats et établissements religieux encouragent les interprétations pacifiques de la religion, la pensée critique et la condamnation de la violence.
  4. Prendre plus au sérieux le rôle des femmes dans l’extrémisme violent. Depuis 2016, les femmes ont de plus en plus tendance à jouer un rôle actif dans les groupes extrémistes, ce qui a été décrit par un participant comme un « changement de paradigme » dans le paysage extrémiste indonésien. Toutefois, les participants ont noté que les efforts de prévention indonésiens n’ont pas encore pris en compte cette évolution. Les approches actuelles doivent être adaptées pour inclure les femmes en tant que facilitatrices et médiatrices essentielles dans les efforts de P/CVE.
  5. Impliquer et sensibiliser le grand public indonésien aux menaces de l’extrémisme violent et aux efforts de prévention et de lutte contre la criminalité organisée. Dans certains cas, on continue à nier que l’extrémisme violent constitue une menace en Indonésie. Dans d’autres cas, il y a un manque de compréhension de ce à quoi ressemblent les efforts de prévention de la menace et du rôle que les communautés peuvent jouer à cet égard. Cela est dû, en partie, à l’encadrement et à l’approche historiquement centralisés et sécuritaires de la prévention et de la répression des crimes de guerre en Indonésie, qui font que les acteurs locaux, en particulier, hésitent à s’impliquer. Un effort conscient est nécessaire pour dé-sécuriser l’EFPC et pour sensibiliser à l’EFPC en tant qu’approche parmi d’autres du bien-être et de la sécurité de la société et de la communauté, en lui donnant ainsi un cadre plus familier pour les acteurs locaux.
  6. Identifier et cartographier les acteurs de la prévention au niveau local afin de comprendre leur expertise et leurs capacités, de défendre ceux qui font du bon travail et de partager les approches existantes et les enseignements tirés afin de minimiser les efforts qui font double emploi ou se chevauchent. Cela devrait également s’appliquer aux réalisations qui, bien que nombreuses, ne sont pas toujours largement connues ou partagées.
  7. Améliorer les efforts de suivi et d’évaluation liés au P/CVE, qui doivent être systématisés et mis en synergie dans tous les secteurs et entre tous les acteurs afin que la mise en œuvre des programmes et des initiatives soit mesurée par rapport à une base de référence commune. De même, il convient d’analyser et de cartographier la résistance des communautés locales à l’extrémisme violent et à la radicalisation afin de mieux comprendre la nature de la menace et d’éclairer les réponses.
  8. Formaliser les partenariats entre les gouvernements nationaux et locaux et la société civile, en s’appuyant sur les relations existantes établies lors de réunions régulières telles que le Forum de coordination des dirigeants locaux et le Forum de coordination sur la prévention du terrorisme. Cela peut contribuer à instaurer la confiance entre les acteurs, ce qui est une condition préalable essentielle pour les CLN liés à la prévention et à la répression des crimes de guerre.
  9. Encourager et partager les efforts et les succès des plans d’action locaux. Bien que certaines provinces aient commencé à travailler sur un plan d’action local relatif au P/CVE ou l’aient achevé, ce plan n’est pas encore entré dans les mœurs. La connaissance de l’extrémisme violent et du rôle des autorités locales dans sa prévention est faible par rapport au gouvernement national et à la société civile. Il convient d’accroître cette participation non seulement pour améliorer l’appropriation locale de la P/CVE, mais aussi pour engager et conseiller le gouvernement national dans ses efforts en matière de P/CVE.
  10. Encourager l’échange d’informations sur les questions relatives à la protection et à la conservation de la vie privée. Si les craintes liées au traitement d’informations sensibles par les acteurs peuvent être justifiées dans certains cas, le manque de données a un impact négatif sur les efforts de prévention et de répression. En coordonnant et en synergisant le partage d’informations pertinentes entre des acteurs sélectionnés, par exemple par le biais de forums de confiance, les initiatives et les programmes peuvent être adaptés à des contextes spécifiques et ajustés sur la base d’informations actualisées.

Les participants ont souligné l’importance des dialogues multi-acteurs pour renforcer les efforts des CLN et de la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales de manière plus générale et pour aider à mettre en œuvre une approche durable de la prévention à l’échelle de la société indonésienne. Comme l’a déclaré succinctement un participant, lorsqu’il s’agit de prévenir la haine, la polarisation et l’extrémisme, « personne ne doit être laissé pour compte ».

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