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Renforcer la coopération nationale et locale dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent en Ouganda

— 13 minutes temps de lecture

Le 25 octobre 2022, le Réseau des villes fortes a réuni 20 responsables locaux et nationaux et acteurs de la société civile d’Ouganda pour un dialogue sur le renforcement de la coopération nationale-locale (CNL) dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent (P/CVE) et pour s’assurer que les maires et les villes qu’ils dirigent sont habilités à jouer un rôle actif dans la lutte contre la haine, l’extrémisme et la polarisation en Ouganda.

Parmi les participants figuraient les maires d’Entebbe, de Masaka, de Nebbi, de Nanara et de Kisoro, ainsi que le maire adjoint de Kampala ; des hauts fonctionnaires nationaux de l’Organisation de la sécurité intérieure (ISO), du Comité technique national sur la prévention et la répression du terrorisme (NTC), de la police antiterroriste, du ministère des technologies de l’information et de la communication et de l’orientation nationale ; et des représentants de la société civile ougandaise, y compris ceux qui siègent au Comité national.

Ce dialogue s’inscrivait dans le cadre d’un projet en cours mené par Strong Cities et financé par le ministère australien des affaires étrangères et du commerce (DFAT), afin de soutenir la mise en œuvre des bonnes pratiques du Forum mondial de lutte contre le terrorisme sur le renforcement des CLN liées à la lutte contre la criminalité transnationale organisée. L’unité de gestion des villes fortes élabore actuellement une boîte à outils, en partenariat avec le Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), afin d’aider les villes à adopter ces bonnes pratiques, qui sera lancée en septembre 2023.

La session d’ouverture a été marquée par les remarques d’Eric Rosand, directeur exécutif de Strong Cities, et de Stephen Chwinyaa, directeur de la lutte contre le terrorisme au sein de l’organisation ougandaise de la sécurité intérieure, au cours desquelles M. Chwinyaa a souligné l’engagement du gouvernement central à travailler plus étroitement avec les gouvernements locaux afin de permettre la mise en œuvre en cascade du cadre national ougandais de prévention et de lutte contre la criminalité sur le terrain.

Une discussion dynamique sur les forces et les limites des efforts du CLN et du P/CVE en Ouganda a suivi. Ashad Sentongo, directeur des programmes de l’Institut Auschwitz pour la paix et la réconciliation en Ouganda, a notamment présenté les principales conclusions et recommandations de son rapport commandé par le RCS, qui dresse un état des lieux de la mise en œuvre des CLN, des progrès, des lacunes, des besoins et des priorités. Anthony Michael Nakhaima, coordinateur au CNT ougandais, a ensuite donné un aperçu de la stratégie nationale ougandaise en matière de prévention et de répression de la criminalité, qui n’a pas encore été officiellement mise en œuvre, afin de mieux encadrer la discussion.

Les participants ont partagé leurs différents points de vue sur la nature des menaces liées à l’extrémisme violent en Ouganda, sur les approches les plus efficaces pour y faire face et sur les obstacles au renforcement des CLN.

Principaux obstacles examinés lors de la réunion :

1. La politisation et la sécurisation de la P/CVE. Certains ont estimé que les efforts de P/CVE mettaient uniquement l’accent sur l’extrémisme islamiste et que cette question était politisée afin de cibler les communautés musulmanes et les opposants politiques. En outre, nombreux sont ceux qui reconnaissent que sa sécurisation et son amalgame avec la lutte contre le terrorisme limitent souvent les efforts de P/CVE aux agences gouvernementales nationales et entravent la coopération entre les entités locales et nationales.

2. L’absence d’un mandat ou d’un rôle clair pour les gouvernements locaux en matière de P/CVE. En raison de la sécurisation de cette question, les dirigeants des collectivités locales ont souvent l’impression que la prévention et la répression de la criminalité sont des questions de sécurité dont la responsabilité incombe exclusivement aux forces de sécurité et à d’autres acteurs du gouvernement national. En outre, les participants à l’atelier ont souligné la complexité de la sphère P/CVE, avec de multiples mandats qui se chevauchent ou se concurrencent entre une multitude d’acteurs à tous les niveaux, ce qui rend la coopération difficile.

3. La méconnaissance du cadre national P/CVE et des capacités au niveau local. Bien qu’il existe une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la criminalité, elle n’a pas été rendue publique et la plupart des acteurs au niveau local n’en connaissaient pas l’existence. En outre, il n’a pas été localisé et il y a donc une pénurie d’infrastructures, de capacités, de compétences et de ressources au niveau local qui sont mises à profit pour atteindre les objectifs du programme P/CVE.

4. Manque de confiance. Ce point a été fréquemment mentionné et, pour certains, il s’agissait de l’obstacle le plus important au CLN discuté au cours de la journée. Si les OSC jouissent d’un niveau de confiance relativement élevé auprès des citoyens, ce n’est pas le cas du gouvernement national et des forces de sécurité. On a le sentiment que le gouvernement national se méfie des OSC, qui sont extrêmement actives dans la sphère P/CVE et sont financées presque exclusivement par des donateurs étrangers, car il a l’impression qu’elles empiètent sur son mandat et qu’il ne comprend pas bien leurs intentions. Les réunions entre les acteurs gouvernementaux locaux et nationaux autour de l’agenda P/CVE ont généralement été facilitées par des acteurs externes.

5. Manque d’échange d’informations entre les acteurs nationaux et locaux. Il n’existe pas de plateforme dédiée à l’échange d’informations relatives à la protection et à la conservation de la vie privée. S’il existe des plateformes d’échange d’informations en dehors de l’espace P/CVE, elles ne sont pas coordonnées, ce qui entraîne une certaine confusion, un manque d’orientation et un faible niveau de confiance entre les acteurs. Les participants ont identifié des moyens d’utiliser plus efficacement les plateformes existantes et des possibilités de combler les lacunes par de nouveaux mécanismes de communication. Dans les deux cas, ils ont souligné l’importance de se réunir et de rendre compte régulièrement afin de garantir la durabilité et la transparence.

6. Manque de connaissances et de capacités adéquates, tant au niveau national que local, pour comprendre, planifier, mettre en œuvre, suivre et évaluer les programmes de prévention et de lutte contre la criminalité organisée. Les participants ont indiqué que les acteurs locaux, y compris les OSC, les chefs culturels et religieux et l’ensemble de la population, n’étaient pas pleinement intégrés dans les efforts de prévention et de lutte contre la criminalité organisée et que, dans de nombreux cas, ils n’étaient pas suffisamment sensibilisés et n’avaient pas la capacité de contribuer de manière significative à ces efforts. Il semble qu’il y ait un manque de connaissances qui empêche les acteurs nationaux et locaux de formuler des réponses efficaces en matière de prévention et de lutte contre la criminalité organisée ou de coordonner des approches coopératives.

7. Griefs et conflits identitaires durables. L’Ouganda abrite une population multireligieuse et multiethnique, où les identités influencent la formation et la direction des organisations et processus politiques, l’accès aux ressources nationales et locales, ainsi que la coopération entre les acteurs nationaux et locaux sur les programmes impliquant les communautés et l’État en Ouganda. Les maires de l’opposition politique présents se sont opposés à la situation politique basée sur l’identité en Ouganda, déclarant que leurs relations avec le gouvernement national sont trop souvent définies par leur affiliation politique plutôt que par leurs besoins. Les participants se sont accordés à dire que pour instaurer la confiance, il fallait d’abord mettre de côté les divergences politiques et se concentrer sur les personnes.

8. L’intolérance politique. Certains participants ont estimé que la liberté d’expression, y compris la possibilité de parler ouvertement, de discuter avec le gouvernement national et de le critiquer, n’était pas autorisée en Ouganda. Les tentatives faites dans le passé ont souvent été réprimées par la force, les personnes concernées étant souvent dispersées, intimidées ou arrêtées.

9. Des opportunités économiques insuffisantes. L’un des principaux moteurs de l’extrémisme violent en Ouganda reste le manque d’emplois, en particulier chez les jeunes. Le chômage et le sous-emploi, ainsi que l’oisiveté qui en découle, créent des vulnérabilités face aux récits de recrutement des extrémistes.

Étapes du renforcement de la coopération nationale et locale en matière de protection de l’environnement en Ouganda

1. Cartographier les menaces, les besoins et les capacités au niveau de la ville/communauté. Pour mettre en œuvre des programmes et des interventions de manière efficace, les participants ont souligné la nécessité de mener des recherches et de cartographier les menaces et les besoins au niveau communautaire. Il s’agit par exemple de mener des enquêtes, d’utiliser la technologie pour analyser les tendances émergentes, tant hors ligne qu’en ligne, et de partager l’information entre les acteurs. Il a été suggéré que, si le gouvernement national n’a pas la capacité ou l’expertise pour le faire, les industries du secteur privé et les universités soient impliquées en tant que partenaires de mise en œuvre.

2. Sensibiliser les acteurs des gouvernements nationaux et locaux au rôle de la ville dans la prévention et la lutte contre la criminalité organisée. Les participants ont défendu une approche globale de la P/CVE en Ouganda et ont préconisé de sensibiliser non seulement les acteurs gouvernementaux et les OSC, mais aussi les dirigeants communautaires et l’ensemble de la population à l’extrémisme et à ses conséquences, ainsi qu’à la nécessité d’une appropriation locale des efforts de P/CVE. Les participants ont souligné l’importance de donner la priorité aux institutions religieuses et culturelles qui ont un accès inégalé aux communautés en Ouganda. Il s’agit notamment des personnes vulnérables à l’extrémisme, y compris les jeunes et les groupes marginalisés.

3. Maintenir une plateforme inclusive (qui inclut les OSC et les fonctionnaires locaux de toutes les parties) pour faciliter la coordination et la collaboration entre et parmi les acteurs nationaux et locaux dans le domaine du P/CVE. Cette plateforme devrait servir une grande variété d’acteurs, y compris les gouvernements nationaux et locaux et les OSC, en facilitant le partage d’informations, en fournissant des forums de coordination et de collaboration, en organisant des sessions de dialogue et des moyens d’établir un terrain d’entente et de travailler en réseau, tout en veillant à ce que les informations pertinentes soient acheminées verticalement vers le gouvernement central afin de servir de lien essentiel entre le national et le local. La présence de parties prenantes nationales et d’un tiers neutre pourrait également apporter la transparence et la responsabilité nécessaires à une communication constructive et à des efforts de collaboration.

4. Définir clairement les rôles et les responsabilités des différents acteurs de la sécurité nationale, des autorités locales et de la société civile en matière de protection et de conservation de la vie privée. Les participants ont exprimé la nécessité d’adopter une approche globale de la société en matière de prévention et de lutte contre la criminalité, mais la multiplicité actuelle des acteurs et le chevauchement des attributions au niveau national ont fait obstacle au CLN au lieu de lui donner les moyens d’agir. En définissant des mandats plus clairs pour les acteurs nationaux concernés et en donnant aux gouvernements locaux une mission précise, il serait plus facile de coordonner les efforts en matière de prévention et de lutte contre la criminalité organisée et d’institutionnaliser la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la criminalité organisée.

5.Il a été noté que les acteurs de la sécurité étaient souvent réticents à partager des informations par crainte de fuites d’informations qu’ils considèrent comme “sensibles” ou “classifiées”. Toutefois, de nombreux participants ont estimé qu’il était difficile pour les acteurs locaux de mener des initiatives significatives et durables en matière de prévention et de lutte contre la criminalité organisée s’ils n’avaient pas accès à davantage d’informations sur les menaces qui pèsent sur leurs communautés. Un cadre ou un protocole devrait être mis en place pour faciliter un partage accru des informations (avec les protections nécessaires en matière de vie privée et autres) avec les acteurs locaux afin de garantir que leurs engagements en matière de protection et d’éradication de la criminalité soient correctement ciblés.

6. L’Ouganda dispose d’une structure de décentralisation élaborée avec des autorités au niveau du village, du district, de la ville et de la région, qui peuvent toutes contribuer à faciliter et à renforcer les CLN et à mettre en œuvre le cadre national de P/CVE. L’importance d’atteindre les personnes les plus vulnérables au recrutement extrémiste, qui comprennent souvent les jeunes et les personnes marginalisées, comme celles de confession soufie, a été soulignée. Il était donc essentiel de s’associer aux institutions culturelles et religieuses, qui jouissent à la fois d’une grande confiance et d’une grande influence dans tout le pays, pour contribuer à la mise en œuvre du cadre.

7. Encourager un dialogue soutenu, facilité par une tierce partie neutre qui peut aider à dépolitiser les discussions autour d’un sujet très sensible en Ouganda et ainsi instaurer la confiance. L’importance du dialogue en tant qu’outil d’instauration de la confiance a été communément admise par les participants. Le processus itératif visant à instaurer la confiance ne peut commencer que par le dialogue, et l’organisation d’un forum régulier animé par une tierce partie neutre pourrait constituer une étape cruciale dans l’établissement de ce dialogue. Les participants ont indiqué qu’ils avaient pu avoir des conversations lors des réunions du RCS qui leur semblaient impossibles à la maison et qu’ils étaient intéressés par d’autres occasions comme celle-ci.

Les responsables nationaux ougandais ont apprécié l’importance d’exploiter les connaissances et les autres avantages comparatifs des maires et des autorités locales en matière de prévention, qui, s’ils sont exploités, pourraient permettre la localisation du cadre national de prévention et de lutte contre la criminalité organisée. Ces derniers et les dirigeants du gouvernement local ont exprimé leur intérêt pour que le RCS continue à faciliter le dialogue sur le CLN en Ouganda, afin que le cadre puisse être traduit en actions locales.

En fin de compte, les participants ont convenu que les gouvernements locaux en Ouganda pourraient être les gardiens des activités locales de P/CVE, mais que ces gouvernements ne considèrent pas actuellement qu’ils ont un rôle à jouer dans ce qui est encore perçu exclusivement comme une question de sécurité nationale. Pour qu’un CLN significatif soit possible, les gouvernements locaux devront recevoir un mandat clair du gouvernement national pour travailler sur la prévention et avoir la possibilité de développer et d’aborder les capacités et les processus manquants pour les aider à comprendre les différentes façons dont ils peuvent contribuer à la prévention et à la lutte contre la pauvreté. Les défis posés par les P/CVE aux CLN ne se limitent pas à l’Ouganda, mais touchent des pays du monde entier. Les villes jouant un rôle de plus en plus important dans les efforts de prévention et de protection de la société dans son ensemble, ces défis liés aux CLN apparaissent de plus en plus souvent et la voie à suivre n’est pas toujours évidente. La boîte à outils Strong Cities-GCTF, qui sera lancée en septembre 2023, contribuera à combler cette lacune et contiendra des guides pratiques, des programmes de formation, des études de cas et des listes de contrôle de mise en œuvre pour les différentes parties prenantes.

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