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Réhabilitation et réintégration des rapatriés de Syrie et d’Irak : Dix leçons de l’expérience berlinoise pour les collectivités locales

Dernière mise à jour :
10/10/2024
Date de publication :
01/09/2023
Type de contenu :

Cet article s’appuie sur l’expérience de Samira Benz, qui a travaillé en tant que coordinatrice des rapatriés pour la ville de Berlin de 2019 à 2023. Samira travaille actuellement avec le Réseau des villes fortes, soutenant l’engagement des villes européennes et partageant son expertise sur la réhabilitation et la réintégration des rapatriés de Syrie et d’Irak.

Introduction

De nombreux pays sont actuellement confrontés au retour de citoyens qui s’étaient rendus dans des régions de Syrie et d’Irak en proie à des conflits pour rejoindre le soi-disant État islamique (ISIS). Les responsables gouvernementaux et les praticiens sont aux prises avec cette question complexe et explorent un éventail de méthodes et d’approches différentes pour faire face à ce phénomène préoccupant. L’Allemagne est un exemple parmi ces nations. Elle est l’un des rares pays à avoir pris des mesures proactives pour rapatrier ses citoyens des zones de conflit dès 2019. À ce jour, environ 40 % des quelque 1 150 personnes qui avaient quitté l’Allemagne pour rejoindre ISIS sont revenues. Ce chiffre comprend 108 femmes et enfants qui ont été activement rapatriés par le gouvernement allemand.

L’Allemagne a élaboré une approche globale pour relever ce défi, qui comprend des mesures d’enquête, de poursuite et de déradicalisation. En ce qui concerne le désengagement, l’Allemagne utilise une approche multidimensionnelle qui comprend un travail social complet, un soutien psychologique ciblé et une surveillance par les services de sécurité. Un élément crucial de cette approche est l’équilibre entre la promotion de la réhabilitation et de la réintégration et la garantie de la sécurité nationale. En outre, l’Allemagne a mis au point divers programmes de déradicalisation, qui sont mis en œuvre tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système pénitentiaire. Ces programmes fournissent des conseils et d’autres formes de soutien aux individus, les encourageant à abandonner leurs idéologies extrémistes violentes et à se réintégrer dans la société. Mesurer l’efficacité de ces programmes peut s’avérer une entreprise difficile en raison de la nature complexe et personnelle des croyances idéologiques. Cependant, ces programmes sont considérés comme un élément crucial de la stratégie allemande de gestion de la réadaptation et de la réintégration des citoyens de retour.

Le modèle de coordination des rapatriés

Outre ces mesures, l’Allemagne a mis en œuvre une approche globale et coordonnée pour gérer le retour de ses citoyens d’Irak et de Syrie. Cette approche, élaborée par le ministère fédéral de l’intérieur et l’Office fédéral des migrations et des réfugiés, est mise en œuvre par des coordinateurs de rapatriés qui sont stratégiquement répartis dans les différents États fédéraux allemands. Ils sont chargés de superviser l’ensemble du processus, du retour à la réintégration des citoyens de retour dans leur communauté. Ils servent de lien entre les parties prenantes fédérales, étatiques et locales, y compris des entités telles que les forces de l’ordre, le gouvernement local, la communauté locale, les organisations de la société civile, les organisations de conseil et les institutions de santé mentale. L’approche allemande reconnaît la complexité et la diversité des scénarios de retour. Il reconnaît également que la situation de chaque rapatrié exige un ensemble unique d’actions et de collaborations avec différentes institutions. Par conséquent, la responsabilité du coordinateur est également de prendre en compte les circonstances uniques de chaque personne rapatriée. Bien que les coordinateurs de tous les États fédéraux partagent des responsabilités similaires en matière de coordination, leurs approches varient en raison de leur localisation au sein de différents départements.

L’objectif principal de ces coordinateurs est de mettre en œuvre une approche multidisciplinaire et holistique de la gestion des cas. Leurs principales responsabilités sont les suivantes

En adoptant cette approche détaillée et coordonnée, les coordinateurs des rapatriés visent à créer une structure de soutien solide qui facilite la réintégration et la réadaptation des rapatriés dans la société allemande, en conciliant leurs besoins individuels avec les exigences plus larges de la sécurité nationale.

L’expérience de l’auteur en tant que coordinateur des rapatriés permet de tirer un certain nombre d’enseignements pour d’autres collectivités locales qui pourraient chercher à contribuer à une approche globale de la gestion du retour de leurs ressortissants depuis des zones de conflit telles que la Syrie et l’Irak. Elles sont énumérées ci-dessous et développées dans la section suivante.

  1. Nommez un coordinateur local
  1. Élaborer un plan de réintégration individualisé
  1. Renforcer la sensibilisation
  1. Comprendre le rôle des principales parties prenantes
  1. Mettre en place une chaîne de communication
  1. Organiser des tables rondes
  1. Faciliter et gérer le partage d’informations
  1. Impliquer les familles
  1. Sécuriser les ressources financières et humaines
  1. Évaluer et rechercher l’amélioration continue
Les participants nord-américains au dialogue de l’initiative transatlantique du Réseau des villes fortes à Berlin ont visité l’hôtel de ville de Berlin pour se faire une idée des stratégies de lutte contre la haine et l’extrémisme de la ville, ainsi que de son approche de la réhabilitation et de la réintégration des combattants étrangers et de leurs familles.

Opérationnaliser une approche « globale de la société » pour une réadaptation et une réintégration efficaces.

La réhabilitation et la réintégration des rapatriés est un processus complexe qui nécessite une planification minutieuse, une approche multidimensionnelle et une participation active des différentes parties prenantes. Si les approches de la réintégration peuvent varier d’un pays à l’autre, les stratégies fructueuses et les bonnes pratiques que l’auteur a mises en œuvre au cours de son mandat de coordinatrice des rapatriés à Berlin sont pertinentes pour les collectivités locales et les autres parties prenantes en dehors du contexte allemand. Ces pratiques pourraient donc inspirer les approches des gouvernements locaux et de leurs homologues nationaux dans d’autres pays, contribuant ainsi aux efforts déployés par l’ensemble de la société pour faciliter la réintégration et la réadaptation de leurs citoyens.

  1. Nommez un coordinateur local

La réhabilitation et la réintégration des rapatriés nécessitent des efforts coordonnés de la part de diverses parties prenantes issues de différents secteurs, en particulier au niveau local. Dans ce contexte, il convient d’envisager la nomination d’une personne – que ce soit au niveau d’une ville ou d’une région – chargée de coordonner les parties prenantes et de superviser le processus de réintégration dans sa juridiction.

Les coordinateurs peuvent servir de point de contact central pour les parties prenantes, en particulier celles qui ont peu d’expérience dans ce domaine. Ils peuvent jouer un rôle essentiel en veillant à ce que toutes les parties prenantes soient bien informées pour s’acquitter efficacement de leurs tâches, tout en gérant le partage de données sensibles pour protéger à la fois les parties prenantes et les rapatriés. Ils peuvent arbitrer les conflits entre le gouvernement et les acteurs de la société civile, en particulier dans les domaines concernant la sensibilité et la sécurité des données.

Les coordinateurs peuvent également contribuer à instaurer la confiance entre les parties prenantes. Ils peuvent animer des tables rondes afin de créer des plateformes de dialogue ouvert et de recherche de consensus. Cela permet de clarifier les rôles, de gérer les attentes et d’éviter les malentendus qui peuvent conduire à la méfiance. Cela vaut aussi bien pour les professionnels de différents domaines que pour le gouvernement et les membres de la communauté, afin d’éviter toute perturbation dans le processus de réintégration.

La valeur ajoutée d’un coordinateur bien positionné est qu’il peut s’appuyer sur un ensemble de compétences et de ressources différentes. En même temps, ils connaissent les structures des autorités et leurs différents besoins et peuvent contribuer à clarifier les processus de travail et à assurer le transfert d’informations en collectant, en regroupant et en gérant l’échange d’informations.

Afin de conserver une fonction neutre, le coordinateur doit faire partie d’une unité gouvernementale locale qui n’est pas affiliée aux agences de sécurité, en particulier si elle est en contact direct avec les rapatriés et les communautés d’accueil.

  1. Élaborer un plan de réadaptation et de réintégration individualisé

La première étape d’une réadaptation et d’une réintégration efficaces consiste à élaborer un plan de réintégration pour chaque individu. Le plan doit être adapté aux besoins uniques, aux vulnérabilités, aux facteurs de protection et à la situation de la personne rapatriée, en reconnaissant que les stratégies uniques ne sont pas efficaces dans des scénarios aussi complexes. En tant que tel, le plan doit comprendre des évaluations des besoins de la personne rapatriée dans de multiples domaines, y compris le bien-être psychologique, le niveau d’éducation et les compétences professionnelles. L’élaboration du plan devrait idéalement impliquer une équipe multidisciplinaire de professionnels, y compris des travailleurs sociaux, des psychologues, des éducateurs et des formateurs professionnels. Chaque membre de cette équipe apporte son expertise pour élaborer un plan complet, ciblé et efficace, destiné à responsabiliser l’individu et à améliorer ses perspectives et son bien-être.

En outre, le plan doit prévoir des activités d’intégration sociale destinées à forger un sentiment d’appartenance et d’acceptation au sein de leur nouvelle communauté. L’accent mis sur l’intégration sociale aide non seulement les rapatriés à tisser des liens et à construire des réseaux sociaux, mais aussi à développer des compétences sociales qui sont cruciales pour leur réintégration à long terme. Cela peut être facilité par la participation à des travaux d’intérêt général, la participation à des événements sociaux et/ou l’implication dans des activités sportives et culturelles. Un aspect crucial de cette étape est d’impliquer activement la personne rapatriée dans le processus, en nourrissant sa motivation à rompre avec son passé et à se réintégrer dans la société.

Étant donné que, comme en Allemagne, la majeure partie de l’aide disponible (par exemple, conseils, thérapie, soutien familial) est fournie sur une base volontaire (c’est-à-dire non obligatoire), les praticiens locaux doivent aider les rapatriés à comprendre les avantages du programme de réintégration afin qu’ils acceptent les offres d’aide et deviennent des contributeurs actifs à leur parcours de réadaptation et de réintégration.

Il est impératif de veiller à ce que les mesures légales de sécurité n’entravent pas involontairement les efforts de réhabilitation et de réintégration. Par exemple, des mesures telles que l’interdiction pour les rapatriés d’avoir un compte bancaire peuvent entraver leurs tentatives de réintégration dans la société et d’indépendance économique. Un plan réussi doit donc trouver un équilibre entre les nécessités de la sécurité et les objectifs fondamentaux de la réintégration.

En outre, étant donné la nature à long terme du processus de réadaptation et de réintégration, le gouvernement local doit veiller à ce que le soutien et le suivi soient des composantes essentielles de ce processus. Cela permet de s’assurer que le plan reste pertinent et efficace au fil du temps et qu’il peut être adapté en fonction de l’évolution de la situation personnelle de l’individu ou de ses progrès.

  1. Renforcer la sensibilisation

Une gestion efficace des rapatriés exige que toutes les parties prenantes soient bien informées et sensibles aux complexités et aux nuances de la situation. Il s’agit notamment de fournir des informations complètes et pertinentes aux parties prenantes impliquées dans la gestion du rapatrié. Cela peut atténuer le risque que certains praticiens ou d’autres parties prenantes soient lents ou réticents à agir. Par exemple, les services sociaux peuvent ne pas voir l’urgence de faciliter une place dans une garderie pour un enfant qui revient, étant donné qu’ils gèrent d’autres cas qui semblent également urgents. Ce manque d’urgence peut refléter une mauvaise compréhension du passé de l’enfant qui revient et des traumatismes potentiels qu’il a pu subir dans les zones de conflit. Elle souligne la nécessité d’une sensibilisation accrue – en particulier parmi les parties prenantes ayant une expérience limitée des personnes traumatisées – aux besoins uniques des rapatriés et à l’importance d’une action rapide et appropriée.

Dans l’ensemble, les parties prenantes doivent comprendre que le succès du processus de réintégration dépend de leur capacité à comprendre parfaitement la situation de la personne rapatriée et à réagir avec empathie et urgence. Cela implique également une compréhension réaliste de la menace potentielle (fondée sur des preuves) que certains rapatriés peuvent représenter pour la sécurité nationale, sans pour autant susciter une peur inutile ou les accabler.

Dans le cadre du processus de sensibilisation, une formation cohérente et ciblée doit être dispensée à toutes les parties prenantes. Cette formation devrait permettre d’établir une compréhension commune et une base de travail entre les parties prenantes. Elle devrait également englober toute une série de sujets, tels que le processus de radicalisation, les antécédents culturels des individus, les traumatismes potentiels qu’ils ont pu subir et la situation sur le terrain dans la région en conflit concernée.

Les rapatriés nourrissent souvent une profonde méfiance à l’égard de certaines autorités. Cette méfiance entrave souvent la coopération et crée un obstacle à une réintégration efficace. Les idées fausses sur le rôle de ces autorités, leur transparence et l’utilisation des informations collectées doivent être dissipées par des éclaircissements et un dialogue facilités par les partenaires du réseau. De même, le sentiment d’injustice créé par certaines actions des agences de sécurité, telles que les restrictions de voyage ou les perquisitions chez des proches, peut être déstabilisant, mais les professionnels non chargés de l’application de la loi peuvent aider en expliquant les procédures, telles que les restrictions de voyage ou la raison d’être des perquisitions chez des proches.

Afin de minimiser la stigmatisation potentielle et l’attention injustifiée des médias pendant la phase de réintégration, des mesures prudentes doivent être adoptées lors de la diffusion d’informations sur le statut des rapatriés. Il est recommandé que seules les personnes occupant des postes de direction, telles que les autorités scolaires ou les employeurs qui ont un rôle direct dans le processus de réintégration, soient informées du statut de la personne rapatriée, si nécessaire. L’introduction de lignes directrices complètes pour les parties prenantes peut s’avérer utile dans ce contexte. Ils peuvent fournir une feuille de route claire, décrivant les bonnes pratiques, les responsabilités et les procédures à suivre et garantissant que toutes les parties prenantes ont une compréhension commune de leur rôle et des objectifs plus larges.

  1. Comprendre les rôles et les perspectives des principales parties prenantes

Comprendre sa position, ses responsabilités et les limites de son rôle par rapport aux autres praticiens impliqués est un facteur essentiel dans la gestion des cas. Il est essentiel que chaque partie prenante reconnaisse l’importance de son rôle, agisse dans le cadre de son autorité et s’abstienne d’empiéter sur les domaines des autres. Cette compréhension du rôle atténue considérablement le risque de stigmatisation et accélère le processus de réintégration. L’approche allemande de la coordination des retours en est un bon exemple. Les coordinateurs des rapatriés, tout en facilitant le processus global de réintégration, n’imposent pas d’actions aux acteurs participants. Au contraire, ils veillent à ce que chaque acteur travaille dans le cadre de sa propre autorité, en respectant les capacités et les limites uniques inhérentes au rôle de chaque partie prenante.

En outre, il est fondamental de reconnaître et d’apprécier les différents points de vue et intérêts impliqués dans le processus. Par exemple, la police peut donner la priorité aux aspects sécuritaires, tandis que les entités politiques, les professionnels non chargés de l’application de la loi, la famille de la personne rapatriée ou la communauté peuvent avoir des points de vue différents. Le rôle du coordinateur, dans ce cas, est de fournir une plate-forme qui favorise la compréhension de ces perspectives et intérêts divergents, garantissant une approche globale de la gestion des rapatriés.

La sensibilisation aux défis et la promotion d’une compréhension nuancée font partie intégrante d’un traitement efficace des cas de retour. Par exemple, il peut y avoir des divergences dans les mesures mises en œuvre pendant la phase d’emprisonnement et après la libération d’une personne rapatriée, ce qui peut entraîner des lacunes dans sa réadaptation. Pour y remédier, les coordinateurs peuvent aider les parties prenantes à mieux comprendre leurs processus de travail respectifs. Une mise en réseau cohérente et à long terme de toutes les parties prenantes est également essentielle pour favoriser une compréhension globale des rôles et cultiver la confiance entre les acteurs.

  1. Mettre en place une chaîne de communication

Pour assurer un flux d’informations sûr et fiable, il est recommandé de mettre en œuvre une stratégie de communication nuancée qui vise à maintenir un équilibre entre la transparence, la protection de la vie privée des rapatriés et la protection des intérêts du gouvernement en matière de sécurité. Cette stratégie nécessite la désignation d’un point de contact spécifique au sein de chaque institution impliquée dans le processus, qui sert ensuite de lien au sein du mécanisme d’échange d’informations.

Ce système d’échange d’informations doit être construit en gardant à l’esprit trois objectifs principaux :

1. Gestion de la confidentialité: Le premier objectif est de contrecarrer efficacement tout accès non autorisé à des informations classifiées. Il est important de contrôler la diffusion des données sensibles afin de s’assurer qu’elles ne tombent pas entre de mauvaises mains, ce qui pourrait mettre en péril la sécurité personnelle des rapatriés ou compromettre la sécurité de l’État.

2. Transfert rapide d’informations: Le deuxième objectif consiste à permettre un transfert rapide d’informations afin de pouvoir agir rapidement, ce qui est particulièrement important compte tenu de la nature imprévisible du processus de rapatriement. Dans certains cas, ce processus peut se dérouler pendant la nuit ou le week-end, ce qui nécessite la capacité de mobiliser rapidement des ressources et de réagir en temps réel.

3. Prévention de la stigmatisation: Le troisième objectif, tout aussi important, est de prévenir toute stigmatisation potentielle des rapatriés, en particulier des enfants qui sont particulièrement vulnérables. Garantir un flux d’informations contrôlé et une gestion minutieuse des récits des rapatriés peut contribuer à prévenir les stéréotypes nuisibles et la stigmatisation qui pourraient avoir un impact négatif sur le processus de réintégration.

  1. Organise Roundtsionnelles

L’organisation et la facilitation de tables rondes sont une étape essentielle pour des efforts de réintégration et de réhabilitation efficaces. Ces rassemblements servent de plateformes pour des dialogues structurés avant et après le retour des personnes. Ils facilitent la planification et la mise en œuvre des efforts à court terme, comme la logistique à l’arrivée à l’aéroport, et des mesures à long terme, comme le processus de désengagement et de réintégration. La composition de ces réunions n’est pas unique ; elle dépend d’une multitude de variables, telles que le fait que la personne rapatriée soit seule ou accompagnée de sa famille, la présence d’un mandat d’arrêt non exécuté à l’encontre d’un membre de la famille, ou le rapatriement de mineurs non accompagnés. Même si les premières étapes de la réintégration tendent à être axées sur la sécurité, il est essentiel d’impliquer ou d’informer les organisations de la société civile et les parties prenantes des communautés dans lesquelles les individus se réintègrent le plus tôt possible dans ces tables rondes, étant donné leur rôle essentiel dans le processus de réintégration à long terme.

Les tables rondes offrent la possibilité de faire participer de nouvelles parties prenantes à la conversation et permettent à toutes les parties prenantes d’échanger des informations cruciales et de clarifier leurs rôles et responsabilités, ce qui favorise le développement de relations de travail plus solides. L’instauration de la confiance et d’un environnement de collaboration est un avantage essentiel de ces réunions, qui sous-tend l’efficacité globale de l’initiative de réintégration. L’expérience de l’auteur montre que la pierre angulaire d’une coopération efficace repose sur la confiance et la volonté commune de travailler ensemble. Lorsque ces éléments sont présents, le processus a tendance à se dérouler sans heurts.

Le soutien après la libération est un sujet qui fait partie intégrante de ces discussions. Une fois qu’un individu a été réintégré dans la communauté, des mesures de suivi sont essentielles pour prévenir d’éventuelles rechutes dans un comportement extrémiste. Il peut s’agir de visites régulières, de conseils ou de thérapies, de mentorat et de soutien communautaire, autant d’éléments qui peuvent être coordonnés et discutés au cours de ces tables rondes.

  1. Faciliter et gérer le partage d’informations

La gestion de l’échange d’informations est un aspect critique mais complexe du processus de réintégration. Un équilibre est nécessaire : les parties prenantes concernées doivent avoir accès aux informations pertinentes, y compris aux menaces potentielles pour la sécurité, sans être submergées ou rendues trop prudentes dans l’exercice de leurs responsabilités.

Des conflits peuvent survenir lorsque les autorités chargées de la sécurité demandent plus d’informations que celles que les organisations de la société civile peuvent partager de manière responsable, ou lorsqu’elles ne sont pas disposées à divulguer des procédures d’information essentielles. Ces conflits entre le gouvernement et la société civile, qui ne sont pas propres au contexte des rapatriés, peuvent entraîner une réticence à coopérer. Il est donc essentiel de faciliter des discussions approfondies sur la sensibilité des données entre toutes les parties prenantes.

L’attention des médias constitue un autre défi. La couverture des cas des rapatriés connaît souvent un pic au moment de leur retour et s’estompe au fil du temps. Toutefois, le regain d’intérêt pour le sujet peut provoquer un pic d’intérêt dans les médias, ce qui pourrait compromettre la coopération basée sur la confiance en cas de fuite d’informations confidentielles. L’attention accrue des médias peut inciter les praticiens, en particulier la police, à faire preuve d’une plus grande prudence dans le partage des informations. Il existe également un risque de polarisation et de stigmatisation de la communauté, les groupes extrémistes pouvant exploiter ces situations. En réponse à cela, il peut être bénéfique de fournir une formation en communication aux parties prenantes, telles que les écoles, les employeurs et les conseillers. Cela peut les doter des outils nécessaires pour faire face à des situations où l’anonymat est compromis ou lorsque les médias demandent des déclarations. L’élaboration d’un plan de communication, décrivant divers scénarios et réponses, pourrait constituer une stratégie pratique pour gérer les défis liés à l’attention des médias et à la sensibilité de l’information.

Considérations pratiques pour les autorités locales dans la mise en place de systèmes de partage d’informations

1. Formez les parties prenantes non seulement à l’utilisation du système d’échange d’informations, mais aussi à la compréhension des considérations éthiques, des réglementations en matière de protection des données et du contexte général. Par exemple, veillez à ce que leurs systèmes d’échange d’informations soient conformes aux réglementations locales, nationales et internationales en matière de protection des données.

2. Définissez clairement la finalité du système d’échange d’informations, par exemple en précisant les objectifs, le type d’informations à partager et les principaux utilisateurs.

3. Transmettre les informations pertinentes aux parties prenantes de la société civile engagées (selon qu’elles sont ou non autorisées à recevoir de telles informations). En effet, ils jouent un rôle important dans l’évaluation des besoins des rapatriés. Par exemple, sans information sur le rapatriement, les services de protection de la jeunesse ne peuvent pas prendre les mesures nécessaires, par exemple déterminer si le parent peut accueillir ses enfants. Ils ont besoin de ces informations pour évaluer les conditions de vie et l’aptitude du parent.

4. Créer des formats standardisés. Les différentes autorités peuvent utiliser une terminologie ou des structures de données différentes, ce qui peut nuire à l’efficacité de la communication. Par exemple, les services répressifs peuvent utiliser des définitions différentes de celles des organisations de la société civile pour déterminer qui est considéré comme une personne rapatriée, ce qui peut conduire à des interprétations différentes des chiffres.

5. Examinez et mettez à jour régulièrement les systèmes d’échange d’informations pour vous assurer qu’ils restent efficaces, car il s’agit d’un processus dynamique. Par exemple, la chaîne d’information du processus de retour peut être différente de celle du processus de réintégration.

  1. S’engager Les familles

Un aspect essentiel du processus de réinsertion est l’engagement de la famille ou de l’environnement social de l’individu, lorsque cela est possible et bénéfique. La famille proche ou les amis peuvent apporter un soutien inestimable et un profond sentiment d’appartenance qui peut considérablement améliorer le processus de réintégration. Il est toutefois essentiel d’évaluer la dynamique au sein de chaque famille, car des conseils familiaux peuvent s’avérer nécessaires pour résoudre les tensions ou les problèmes potentiels susceptibles d’entraver la réussite de la réintégration.

Le rôle de la famille dans ce processus peut être multiple et puissant. Leur participation peut renforcer la résilience de la personne rapatriée et consolider le système de soutien multidimensionnel dont elle a besoin au cours de sa transition. Par conséquent, les parties prenantes impliquées dans le processus de réintégration doivent évaluer si une collaboration étroite avec la famille sera bénéfique. Néanmoins, l’inclusion de la famille doit être gérée de manière stratégique et doit être jugée appropriée au cas par cas. Toutes les familles n’exercent pas une influence positive sur la personne rapatriée, et il est essentiel de reconnaître et de prendre en compte ces variations dans la dynamique familiale.

Les familles, lorsqu’elles sont impliquées, doivent être associées à toutes les étapes du processus. Ils doivent non seulement se sentir inclus, mais aussi contribuer activement à ce processus. Toutefois, le partage d’informations privées avec les membres de la famille doit être traité avec délicatesse. Il convient d’indiquer clairement à la personne renvoyée si elle souhaite que sa famille soit impliquée et dans quelle mesure elle consent à ce que les informations la concernant soient partagées avec elle. Dans les cas où des services de conseil ou d’autres services sont impliqués, leurs préférences et leur confort devraient être le facteur déterminant pour impliquer la famille. Le principe sous-jacent doit toujours respecter la vie privée de la personne renvoyée.

  1. Sécuriser les ressources financières et humaines

La garantie des ressources financières et humaines fait partie intégrante du soutien à long terme aux rapatriés, un processus qui devrait s’étendre sur au moins cinq ans, mais idéalement jusqu’à dix ans. Cette assistance à long terme ne consiste pas simplement à fournir des ressources, mais doit être considérée comme un processus continu qui s’adapte et répond à l’évolution des besoins des rapatriés. Par exemple, l’obtention d’un emploi pour un rapatrié ne signifie pas la fin de la réintégration. Il s’agit plutôt d’une étape importante de l’ensemble du processus.

Sur la base des expériences de ces dernières années, il est reconnu que les enfants peuvent commencer à présenter des signes de traumatisme plusieurs années après leur retour. Compte tenu de ce retard dans les manifestations du traumatisme, une période prolongée de soutien financier est essentielle. Cela permet un suivi cohérent et complet au fil du temps, garantissant que tout problème émergent est rapidement identifié et traité de manière appropriée.

Il est tout aussi important, dans ce processus, de mettre en place des réseaux durables qui favorisent la coopération entre les parties prenantes. Cependant, le développement de ces réseaux et la négociation des limites opérationnelles deviennent souvent plus difficiles en raison du financement temporaire des projets. Ces questions soulignent la nécessité de modifier les possibilités de financement et d’allonger la durée des projets, afin de permettre aux organisations de la société civile d’opérer dans des conditions plus stables. Cependant, la stabilité financière ne consiste pas seulement à assurer un flux régulier de fonds, mais aussi à renforcer la capacité des organisations et des programmes à soutenir efficacement les rapatriés à long terme.

La confiance est une composante essentielle d’une coopération efficace entre les acteurs du processus de réintégration des rapatriés. Cependant, la confiance se développe généralement au cours d’une période de collaboration régulière et continue. Le taux élevé de rotation du personnel, qui résulte souvent des contrats à durée déterminée, constitue un obstacle à cette continuité. Pour que la confiance soit correctement établie et maintenue, il est essentiel de soutenir la formation de relations professionnelles à long terme.

  1. Évaluer et rechercher l’amélioration continue

Le rôle et l’impact du système de soutien aux rapatriés doivent être évalués afin de comprendre leur potentiel d’application à grande échelle. Ces évaluations pourraient aider à déterminer si ces réseaux pourraient être élargis pour s’adresser à des groupes cibles plus larges et relever les défis rencontrés dans le travail avec des individus qui se sont déjà radicalisés pour devenir violents. En outre, les évaluations peuvent offrir aux praticiens une perspective d’introspection et fournir aux décideurs politiques une compréhension claire de la structure du réseau, influençant leurs décisions quant à son efficacité et, éventuellement, à la nécessité d’un financement.

Un facteur essentiel à prendre en compte dans ce processus est l’absence de consensus sur les critères permettant de mesurer le succès des mesures de réhabilitation et de réintégration. Étant donné qu’il existe de multiples indicateurs potentiels de réussite, une réévaluation continue s’impose. Cette réévaluation devrait également tenir compte de l’évolution de la nature des menaces extrémistes et adapter les critères de réussite en conséquence.

La nature des évaluations peut être interne ou externe, en fonction de facteurs tels que le type de données en question et l’objectif principal de l’évaluation. Par exemple, les données sensibles ou classifiées peuvent nécessiter une évaluation interne. Il est important que toutes les parties prenantes parviennent à une compréhension mutuelle des objectifs, du cadre et de la méthodologie de l’évaluation. Cela peut garantir l’engagement des parties prenantes dans le processus d’évaluation, ce qui permet d’obtenir des résultats plus fiables.

L’évaluation du programme de réadaptation et de réintégration dès son lancement peut augmenter considérablement ses chances de réussite. Les évaluations peuvent, par exemple, être effectuées périodiquement, en veillant à ce que chaque nouvelle évaluation s’appuie sur les idées et les conclusions de la précédente. Cette approche implique qu’il faut donner aux projets le temps de mettre en œuvre les recommandations de l’évaluation précédente.

Une fois validées, les stratégies pourraient également être appliquées dans différents contextes, ce qui pourrait profiter aux autorités et aux institutions de la société civile qui traitent de questions sociétales plus vastes. Par exemple, les méthodes utilisées pour les rapatriés pourraient être adaptées à d’autres groupes radicalisés ou à des individus risquant de se radicaliser. De même, les bonnes pratiques identifiées dans la gestion des rapatriés pourraient inspirer les politiques et les pratiques liées à la réinsertion sociale dans d’autres contextes, tels que les programmes de réadaptation en prison ou de réinsertion dans la communauté pour les anciens délinquants.

Tout en célébrant les succès, il est tout aussi important de discuter des défis, de tirer les leçons des échecs et de comprendre les limites des différentes stratégies. Rendre ces évaluations accessibles au public peut s’avérer stratégique, en donnant à d’autres la possibilité d’obtenir des informations et de tirer des enseignements des expériences partagées.

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