arrow-circle arrow-down-basicarrow-down arrow-left-small arrow-left arrow-right-small arrow-right arrow-up arrow closefacebooklinkedinsearch twittervideo-icon

Un guide pour les villes : Prévenir la haine, l’extrémisme et la polarisation

Dernière mise à jour :
30/01/2025
Date de publication :
11/09/2023
Type de contenu :

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Chapitre 6 : Prévention secondaire

Secondaire

Programmes et autres mesures ciblant les individus identifiés comme vulnérables au recrutement ou à la radicalisation vers la haine ou la violence extrémiste et visant à orienter ces individus vers une voie non violente.

La prévention secondaire englobe les moyens par lesquels une ville peut prendre des mesures en réponse à un risque ou à un défi plus spécifique. Contrairement à la prévention primaire, elle ne s’adresse pas à l’ensemble de la population et est élaborée et mise en œuvre pour s’attaquer à un problème particulier, lié notamment à la haine, à l’extrémisme et à la polarisation, et visant souvent un groupe ou un individu particulier. C’est pourquoi la prévention secondaire est encore plus tributaire d’une cartographie locale complète et doit être étroitement liée aux principales vulnérabilités et aux principaux besoins identifiés (voir chapitre 2).

Groupes vulnérables

La prévention secondaire se concentre souvent sur des vulnérabilités spécifiques, telles qu’un manque d’esprit critique associé à une exposition particulière à la diffusion de propos haineux, une préoccupation concernant la discrimination raciale ou ethnique, ou un problème de marginalisation et des sentiments de méfiance, d’isolement et de privation de droits.

En règle générale, les approches et les considérations identifiées pour la prévention primaire restent pertinentes ; toutefois, les méthodologies spécifiques suivies, les objectifs identifiés et les messages transmis seront plus ciblés. Les interventions peuvent également se dérouler sur une période plus longue et suivre un programme particulier ou d’autres séquences. Il convient de noter que les besoins en formation d’une ville seront probablement plus importants et/ou spécialisés, en fonction du contexte, de la vulnérabilité à laquelle elle s’attaque et des antécédents professionnels et des compétences des administrations locales ou des praticiens concernés.

Individus

En ce qui concerne la prévention secondaire auprès des individus, ce guide se concentrera principalement sur les mécanismes d’orientation de différents types, conformément aux priorités exprimées par les villes consultées dans le cadre de ce guide. Des mécanismes d’orientation sont apparus dans un certain nombre de domaines, notamment la traite des êtres humains, la toxicomanie, la violence fondée sur le sexe, la réduction de la violence et la prévention et la répression de la criminalité. Ils impliquent généralement un processus formel ou informel par lequel les praticiens de première ligne, les membres de la communauté, les membres de la famille ou les pairs peuvent orienter les personnes présentant certains comportements préoccupants ou certaines vulnérabilités vers un groupe de praticiens et de professionnels issus de différentes disciplines et/ou agences et organisations afin d’identifier, d’évaluer, d’aider et de traiter ces personnes.

La valeur ajoutée des mécanismes d’orientation locaux dans le domaine de la prévention de la haine et de l’extrémisme est de plus en plus reconnue, car les décideurs politiques, les travailleurs de première ligne et même les professionnels de la sécurité accordent de plus en plus d’importance à la nécessité d’identifier les personnes les plus vulnérables ou déjà engagées sur la voie de la violence, et de les orienter vers une voie non violente. Ces dernières années, ils sont apparus dans différents contextes locaux, parfois sous l’impulsion et la gestion de la ville. Dans certains contextes, elles visent à prévenir une variété de dommages sociaux (y compris la violence extrémiste), dans d’autres, elles sont étroitement axées sur la prévention de la criminalité organisée et de la violence sexuelle. Différentes appellations ont été utilisées pour ces mécanismes, telles que« tables de situation » (Canada),« maisons d’information » (Danemark),« maisons de sécurité » (Pays-Bas), « tables de partenaires » (Belgique),  » équipes d’ancrage  » (Finlande) et« panneaux d’affichage » (Royaume-Uni).

Comme l’indique le guide de l’OSCE sur le sujet, bien qu’il n’y ait pas d’approche unique pour la conception et l’opérationnalisation d’un mécanisme d’orientation, il s’agit généralement d’un programme, d’une plateforme ou d’une initiative multi-agences et/ou multidisciplinaire qui présente un certain nombre de caractéristiques communes.

Dans le domaine de la prévention de la haine et de l’extrémisme, ces processus peuvent offrir aux membres de la famille ou aux pairs inquiets une alternative à l’appel à la police et au risque d’une intervention immédiate et musclée des services de sécurité. Ils peuvent faciliter l’implication précoce d’une série de professionnels qui pourraient être bien placés « pour fournir une intervention efficace et préventive parce qu’ils ont une compétence particulière, une expertise, une crédibilité perçue ou une légitimité que la police … ne possède pas« . Leur efficacité dépend de l’engagement, des compétences et de l’expérience des praticiens qui s’occupent de la personne orientée. Elle dépend également du niveau de confiance entre les différents professionnels et agences impliqués dans le mécanisme, et entre ces professionnels et agences et les communautés locales concernées. Étant donné que ces mécanismes doivent s’appuyer fortement sur les travailleurs de première ligne, les prestataires de services et les organisations communautaires, tout en permettant la coopération entre eux, les gouvernements locaux peuvent jouer un rôle central dans le soutien et la gestion de ces mécanismes.

Considérations pour les villes

Types de mécanismes d’orientation

Les mécanismes d’orientation peuvent être gérés par les employés municipaux, les travailleurs sociaux/de la jeunesse, la police locale, les OSC ou presque tous les acteurs et services mentionnés dans ce guide, à condition qu’une formation soit proposée et qu’un cadre éthique solide soit mis en place. Ils peuvent « cibler » un certain public (par exemple les familles) ou être ouverts au grand public, y compris les amis, les voisins ou les collègues. L’auto-saisine est une autre possibilité, en particulier lorsqu’une personne cherche activement un soutien pour atténuer les risques auxquels elle s’est exposée, mais qu’elle ne dispose pas des ressources, de la motivation ou de la confiance nécessaires pour le faire de manière totalement indépendante.

Quelques façons d’effectuer une recommandation :

  • Ligne d’assistance téléphonique
  • Mécanismes de signalement sur le site web
  • Applications mobiles
  • l’orientation institutionnelle (lorsqu’une institution locale ou un prestataire de services soulève une préoccupation ou oriente les personnes vers un service approprié)

Risques/défis associés aux différentes méthodes d’orientation

  • Stigmatisation
  • Sécurité des données et informations personnelles Voir Systèmes de partage d’informations: 5 conseils au chapitre 7
  • Peur de la criminalisation
  • Utilisation inappropriée ou abusive à des fins politiques ou autres
  • Nécessite du personnel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7
  • Les plateformes technologiques nécessitent une maintenance, des mises à jour et une sécurité accrue pour la protection des données. Ils ne conviendront pas non plus à tout le monde, car la familiarité, l’accès, la langue et d’autres questions constituent des obstacles.

D’une manière générale, tout mécanisme d’orientation doit

  • S’appuyer sur des recherches locales spécifiques au contexte et inclure des facteurs liés à la population ciblée ;
  • Consultez les professionnels et les praticiens locaux, notamment pour vous appuyer sur des sources d’information multiples ;
  • Tenir compte des contextes politiques et sociaux plus larges ;
  • Tenir compte des facteurs de protection et de résilience, ainsi que des risques liés à l’extrémisme ;
  • Être informé des interventions disponibles et des services de soutien
    et être mis en relation avec eux.

    Source : OSCE, Comprendre les mécanismes d’orientation (2019)

Éviter la stigmatisation

L’objectif fondamental de tout système d’orientation est de collecter des informations sur des cas individuels et sur la nature des problèmes soulevés. Cela nécessite l’identification de certains indicateurs de base (par exemple, qu’est-ce qui devrait être considéré comme un signe de vulnérabilité potentielle à la violence motivée par l’extrémisme ?) Identifier et répondre à ces questions (a) nécessite la consultation et la contribution d’une équipe multipartite et peut nécessiter une contribution professionnelle supplémentaire ; et (b) déterminera les domaines clés dans lesquels le mécanisme d’orientation risque de provoquer ou d’exacerber la stigmatisation. L’un des moyens de réduire la stigmatisation est de se concentrer sur les signes comportementaux objectifs plutôt que sur les caractéristiques de la personnalité. Tout mécanisme d’orientation devrait éviter de cibler des groupes ou des idéologies religieuses ou politiques spécifiques. Les personnes orientées ne doivent pas être présentées comme des criminels potentiels ou des menaces pour la sécurité, mais doivent, au moins au premier stade de l’évaluation, être considérées comme des personnes vulnérables ayant besoin d’aide et de soutien pour éviter de se faire du mal ou de faire du mal à d’autres personnes.

Dépistage et évaluation

Une fois qu’une personne a été orientée, la première étape consiste généralement à effectuer un dépistage avant de procéder à une évaluation complète. Un premier examen permet de vérifier les informations contenues dans la demande et d’évaluer l’opportunité et la pertinence d’une demande. Cela permet d’orienter vers d’autres services dans les cas où les besoins d’une personne peuvent être mieux pris en charge en dehors du mécanisme et de déclencher un engagement communautaire potentiel ou d’autres formes d’intervention si nécessaire. Les cas individuels qui répondent aux indicateurs d’éligibilité identifiés sont ensuite soumis à une évaluation complète, qui doit être menée par un conseil ou un panel multipartite où sont représentés les différents services/départements et l’expertise professionnelle.

L’évaluation déterminera dans quelle mesure la personne est exposée à un risque particulier, sur la base d’une méthodologie claire et d’indicateurs partagés et objectifs. L’évaluation doit également permettre d’identifier les facteurs de risque/vulnérabilité et de protection, ce qui ouvrira des pistes d’intervention potentielle. Les outils d’évaluation se présentent sous toutes les formes. Certaines d’entre elles sont purement indicatives, tandis que d’autres intègrent des listes de contrôle ou sont plus formalisées et impliquent un jugement professionnel structuré. La facilité avec laquelle ces outils peuvent être transférés dans de nouveaux contextes varie également de manière significative.

En gardant à l’esprit qu’aucun outil ne peut être parfait, il est essentiel de sélectionner ou de développer des outils d’évaluation avec lesquels les praticiens et les professionnels se sentent à l’aise. L’évaluation doit permettre de déterminer le type d’intervention ainsi que le prestataire d’intervention le mieux placé, qu’il s’agisse d’un service ou d’une profession particulière et/ou d’une personne spécifique. Il est également essentiel d’atténuer les préjudices possibles lors des évaluations (pour les individus et les communautés, mais aussi, par association, pour l’intégrité de l’approche d’une ville et la confiance qu’elle inspire) et de comprendre les risques, les besoins et les points forts des différentes approches.

Types d’interventions

La haine, l’extrémisme et la polarisation sont des phénomènes sociaux complexes qui ne peuvent être réduits à un seul domaine de risque ou à un seul ensemble de causes. L’interaction entre les différents facteurs de risque et les causes potentielles, ou moteurs, est aussi importante que le contexte dans lequel ils se développent. Les interventions doivent donc être pluridisciplinaires et reposer sur une coopération étroite entre les différents services, agences, départements ou parties prenantes, et impliquer une approche coopérative.

Les villes disposant de modèles d’intervention individuels qui ont contribué à ce guide ont estimé qu’il était important de souligner que, dans la plupart des cas, la lutte contre la haine, l’extrémisme et la polarisation n’est pas intrinsèquement différente de la lutte contre d’autres problèmes sociaux. Le prestataire d’intervention abordera ces questions conformément à sa pratique professionnelle et, bien qu’une formation spécialisée ou un bagage soit nécessaire pour aborder un cas particulier (par exemple, les soins tenant compte des traumatismes ou la manière de reconnaître les symboles extrémistes), l’approche et les activités de base resteront souvent cohérentes.

À cet égard, il a été estimé que, dans la plupart des cas, les villes auraient intérêt à intégrer les défis de la haine, de l’extrémisme et de la polarisation dans les approches professionnelles existantes, plutôt que de créer une nouvelle profession ou un nouveau modèle.

Les programmes d’intervention peuvent prendre différentes formes, en fonction des besoins et priorités particuliers et récurrents, mais aussi en fonction des ressources disponibles au niveau local. Les options suivantes, ou une combinaison de celles-ci, ont été mises en évidence par les villes comme des domaines communs
d’intervention.

Important:

  • Les interventions doivent porter sur quelque chose d’important pour les individus/familles ;
  • Les interventions doivent apporter un soutien, favoriser la dignité et éviter la stigmatisation ;
  • Les interventions doivent tenir compte des « conséquences involontaires ».

Source : Programme de formation de l’IIJ : Developing Multi-Actor P/CVE Intervention
Programmes – Implementing a Whole-of-Society, ‘Do No Harm’ Approach
(2021)

L’un des principaux problèmes soulevés par de nombreuses villes est que la plupart des interventions individuelles au niveau de la prévention secondaire sont basées sur la participation volontaire. Cela nécessite un investissement de la part de l’individu lui-même pour qu’il s’engage dans l’intervention et qu’il perçoive l’intérêt de s’engager dès le départ. Elle nécessite également des interventions pour répondre aux besoins et aux attentes de l’individu lui-même, ce qui exige une évaluation supplémentaire et approfondie. Il est essentiel de comprendre ce qui motivera une personne ou une famille à participer, et de veiller à ce que les personnes ne soient pas surchargées par un trop grand nombre d’interventions et que l’intensité d’une intervention corresponde au niveau de risque posé.

Soutenir les mécanismes existants

Les villes peuvent choisir de ne pas mettre en place leur propre mécanisme d’orientation, peut-être pour éviter de faire double emploi avec un mécanisme national ou peut-être parce qu’elles ne disposent pas d’un mandat suffisant pour en mettre un en place. Elles peuvent aussi s’efforcer de tirer parti d’un mécanisme existant et d’intégrer des aspects de la prévention de la haine et de l’extrémisme dans des structures qui s’occupent déjà d’autres problèmes (par exemple, la violence sexuelle, la traite des êtres humains ou la prévention de la criminalité au sens large). Même si les villes ne développent pas de mécanismes au niveau local ou régional, elles peuvent souvent jouer un rôle important dans la promotion des mécanismes nationaux, dans l’instauration d’un climat de confiance à leur égard et dans la lutte contre la désinformation et les récits de conspiration qui les concernent.

Un certain nombre de pays disposent de lignes téléphoniques d’urgence pour la prévention de la criminalité en général, et un nombre croissant d’entre eux (dont l’Autriche, le Canada, le Danemark, la France, l’Allemagne et le Luxembourg) ont mis en place des lignes téléphoniques d’urgence dédiées aux préoccupations liées à la haine et à l’extrémisme.

Modèle de maison de la sécurité, Pays-Bas : Aux Pays-Bas, les « maisons de la sécurité » sont des réseaux locaux qui rassemblent des représentants municipaux, la police, des organisations communautaires et d’autres acteurs pour discuter et développer conjointement des programmes visant à répondre aux différentes préoccupations en matière de sécurité communautaire. Initialement axé sur la prévention de la criminalité au sens large, le modèle s’est étendu à la prévention de l’extrémisme à la suite du départ de plusieurs citoyens néerlandais pour rejoindre ISIS.

Dans certains contextes, le choix peut ne pas se limiter aux mécanismes locaux ou nationaux ; il existe également des exemples de mécanismes régionaux.

En Colombie-Britannique, au Canada, plutôt que de mettre en place un programme dans différentes villes de ce territoire géographiquement étendu, le gouvernement provincial a mis en place un programme unique(Shift-BC) pour répondre aux besoins de prévention secondaire des villes et de leurs habitants dans l’ensemble de la province. En fonction des besoins, la province, par l’intermédiaire de son ministère de la sécurité publique et grâce à un financement du gouvernement fédéral, met en relation les personnes susceptibles d’être exposées à des actes de violence motivés par l’extrémisme avec des services locaux de conseil, des services sociaux ou d’autres outils. Le programme propose également une formation aux prestataires de services psychosociaux et autres prestataires de services pertinents de la province qui travaillent avec les personnes qui leur sont adressées par Shift. Comme l’indique le programme de formation de l’IIJ, cette approche peut être « intéressante lorsque les ressources et les capacités sont limitées et que la charge de travail prévue ne justifie pas d’investir dans des mécanismes permanents dans différentes parties du pays, de l’État ou de la province ».

Si le gouvernement central a déjà mis en place une ligne d’assistance téléphonique ou un site web pour recueillir des informations, une ville peut également fournir un soutien et des informations supplémentaires aux familles ou aux personnes concernées. Cela peut s’avérer utile lorsqu’une partie hésite ou n’est pas sûre de vouloir faire une recommandation et qu’elle souhaite recevoir des conseils avant de faire la recommandation. Dans ce cas, il est impératif d’éviter les chevauchements et d’établir très clairement la distinction entre les deux services et ce qui relève de la responsabilité de la ville.

En fonction de la demande, il peut également s’avérer nécessaire de soutenir une approche double combinant des lignes d’assistance téléphonique et d’autres mécanismes gérés par le gouvernement et par les OSC. Cela pourrait répondre à la fois aux personnes qui se sentent plus à l’aise en contactant un service d’assistance téléphonique gouvernemental et à celles qui préfèrent s’adresser à un service non gouvernemental, géré par la communauté.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Le contenu de ce site a été traduit automatiquement à l’aide de WPML. Pour signaler des erreurs, envoyez-nous un email.