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Un guide pour les villes : Prévenir la haine, l’extrémisme et la polarisation

Dernière mise à jour :
30/01/2025
Date de publication :
11/09/2023
Type de contenu :

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Chapitre 2 : Cartographie des enjeux

Un processus de cartographie complet constitue le point de départ de la plupart, voire de la totalité, des efforts de prévention menés par les villes. Ce chapitre présente une vue d’ensemble des éléments clés de la prévention, en montrant comment chaque aspect de la planification, de la stratégie, de la mise en œuvre et de la coordination dépend de cette première étape cruciale. Il présente ensuite un guide en 10 étapes pour le processus de cartographie lui-même, couvrant la nécessité de comprendre les défis auxquels une ville est confrontée et les façons particulières dont ils affectent les différentes parties de la communauté, en soulignant que des modèles inclusifs et participatifs dès le départ renforceront la coopération et la confiance. Ce chapitre couvre les aspects méthodologiques et les principes clés, la nécessité d’identifier les principales parties prenantes au sein de la ville et d’autres secteurs locaux, ainsi que les avantages de l’identification des mécanismes existants qui peuvent être mis à profit pour la prévention.



Un guide de cartographie en dix étapes

La prévention doit se fonder sur une compréhension factuelle des besoins, des défis et des opportunités présents dans toute la ville. Par conséquent, pour prendre des mesures efficaces, les villes doivent d’abord cartographier leur paysage local. Cette cartographie doit chercher à découvrir la nature des défis/menaces auxquels la ville est confrontée, ses besoins en matière de prévention, ainsi que les vulnérabilités et les facteurs de protection au sein de ses communautés. Tout au long du processus, les villes devraient s’interroger sur les infrastructures, les approches ou les initiatives existantes et sur les ressources et l’expertise disponibles qui pourraient être mises à profit pour la prévention.

Cette cartographie – qui devrait être alimentée par les contributions et la participation des communautés locales, y compris des groupes historiquement marginalisés et minoritaires – devrait orienter les questions qu’une ville abordera et les actions qu’elle entreprendra par la suite.

Certaines villes élaborent et mettent déjà à jour des évaluations locales des risques complexes et multiformes, dont certaines bénéficient d’un soutien et d’une contribution importants de la part du gouvernement central et de la police.3. De même, de nombreuses villes abordent cette question pour la première fois ou travaillent sans aucune aide extérieure pour dresser un tableau complet de leur propre paysage.

S’appuyant sur les bonnes pratiques et les enseignements tirés des villes qui ont mené un exercice de cartographie, et répondant aux préoccupations et aux questions de celles qui abordent cet exercice pour la première fois, le guide présente un guide en 10 étapes pour la cartographie.

1. Réfléchissez à qui contribue et développez des modèles participatifs qui garantissent que les communautés locales ont régulièrement l’occasion d’apporter leur contribution.

Recueillir les contributions des différentes agences/départements de la ville et de tous les autres services et acteurs communautaires concernés.

Ventilez les menaces au niveau des quartiers lorsque c’est possible et tenez compte de la diversité des communautés au sein de la ville, en comprenant comment les différents défis affectent de manière unique certaines parties de la communauté. Veillez à ce que les groupes et minorités historiquement marginalisés, pour lesquels la confiance et la compréhension peuvent déjà être faibles, mais dont les points de vue et les contributions peuvent être essentiels, soient inclus dans le processus de sensibilisation. Cela peut nécessiter que les fonctionnaires municipaux travaillent avec les dirigeants et les organisations communautaires pour établir des relations productives avec les communautés où la méfiance pourrait empêcher une participation significative. Envisagez des moyens de faciliter la contribution du public, en gardant à l’esprit que les données qui alimentent la cartographie ne doivent pas seulement refléter les problèmes/mécanismes existants, mais aussi la manière dont ils sont perçus.

Il est également important de définir les moyens d’intégrer de manière cohérente les contributions des services répressifs sans compromettre les données sensibles. Si la ville n’est pas responsable du maintien de l’ordre, peut-elle se coordonner avec la police de la juridiction concernée et demander une réunion d’information ? Le développement de canaux d’échange d’informations entre une ville et la police profitera à la mise en œuvre, et pas seulement à la planification. Demander des informations et des points de vue sur les principaux défis, étayés par des données non sensibles qu’ils sont en mesure de partager, peut constituer une première étape précieuse.

L’exercice d’écoute complet de Londres

Lors de l’élaboration de son plan d’action local visant à prévenir l’extrémisme violent, le bureau du maire pour la police et la criminalité (MOPAC) de Londres (Royaume-Uni) a entrepris un « exercice d’écoute complet » avec des milliers de membres de la communauté, de parties prenantes et d’experts dans toute la ville. L’exercice, défendu par le maire, visait à « entendre les voix de ceux qui, dans le passé, n’ont pas été entendus mais qu’il est le plus important d’écouter » et a donné la priorité aux contributions des « communautés minoritaires et marginalisées, des femmes et des jeunes ».

La MOPAC a travaillé en étroite collaboration avec des organisations locales et a organisé des réunions, des tables rondes et des ateliers avec les forces de l’ordre, les autorités locales, les groupes de la société civile, les organisations caritatives, les groupes de réflexion, les organismes de réglementation et les membres des différentes communautés. Les résultats de cette cartographie ont donné lieu à une série de recommandations, qui sont consignées dans un rapport public disponible sur le site web de la MOPAC.

2. Contextualiser le défi

La haine, l’extrémisme et la polarisation ne se développent pas dans le vide et les griefs et (fausses) perceptions locaux alimentent souvent des récits et des influences idéologiques plus vastes et leur servent de porte d’entrée. Il ne suffit pas d’identifier une menace « extérieure » ou un groupe qui représente une menace pour une communauté sans examiner pourquoi cette perception gagne du terrain dans une ville particulière ou même dans un quartier spécifique, et quelles sont les questions locales qui jouent un rôle dans cette dynamique.

Il est également important de ne pas avoir de préjugés ou d’être indûment influencé par les analyses des menaces du gouvernement central qui, dans certains contextes, peuvent se concentrer de manière disproportionnée sur les influences extérieures et négliger les menaces « internes ».

Sans espérer pouvoir établir un lien de causalité, veillez à ce que les conditions sociétales plus larges soient prises en compte dans l’évaluation, afin de mieux comprendre l’interaction entre le problème/la menace particulier(e) que la ville souhaite traiter et l’environnement plus large qui pourrait avoir présenté des facteurs favorables à plus long terme.

Pour ces raisons, les villes ne devraient pas se contenter de prêter attention aux données « concrètes » telles que le nombre d’arrestations ou d’incidents, les infractions ou activités criminelles particulières et les tensions intercommunautaires et sociales évidentes. Ils doivent également examiner plus largement des facteurs tels que les données démographiques, les revenus, la pauvreté et les données relatives à l’emploi, ainsi que la disponibilité de l’éducation, de la formation, de l’aide sociale et du soutien aux entreprises, du logement, de la santé et des services sportifs et culturels.



Cartographie à Kumonovo, Macédoine du Nord

Pour s’assurer que ses activités de prévention sont fondées sur des données probantes et qu’elles répondent aux facteurs réels de la violence motivée par l’extrémisme plutôt qu’à ceux qui sont perçus comme tels, Kumanovo (Macédoine du Nord) a réalisé une cartographie afin de mieux comprendre les dynamiques locales de résilience en interrogeant un échantillon impartial et représentatif d’habitants. Il a mesuré la sensibilisation et les attitudes à l’égard de l’extrémisme violent et de la prévention par les autorités locales, ainsi que la résilience des communautés face à la radicalisation, sur la base de cinq piliers fondamentaux. Cette étude a non seulement permis d’identifier les vulnérabilités en fonction de l’âge, du sexe, de l’origine ethnique et du quartier, mais elle a également fourni à la ville une base de référence pour la résilience des communautés, à partir de laquelle l’impact des mesures préventives dans la ville peut être évalué.

3. Tenez compte des influences en ligne

Il se peut qu’une ville n’ait pas accès aux données relatives à la quantité/gravité de la haine, de l’incitation à la violence ou de la désinformation en ligne ciblant ou affectant d’une manière ou d’une autre sa communauté. Cependant, il peut être possible pour une ville d’acquérir une compréhension de base des types de contenu, des principales plateformes utilisées et des récits qui sont diffusés. Que ce soit en consultant directement les communautés ou en demandant conseil à des organisations de la société civile, à des chercheurs et/ou au secteur privé, il devrait être possible d’inclure une évaluation de base de la manière dont les activités en ligne influencent les défis hors ligne au sein de la communauté.

Des villes numériques sûres

Lancé sous l’égide de Nordic Safe Cities, Safe Digital Cities vise à donner aux praticiens municipaux une meilleure compréhension de l’environnement des menaces en ligne ainsi que des outils pour renforcer leur travail numérique au niveau local. Malmö (Suède) a utilisé cette initiative pour cartographier la haine en ligne concernant la ville afin de mieux comprendre l’ampleur et la portée du problème à l’aide d’algorithmes de traitement du langage naturel. Les résultats ont montré que les conversations haineuses en ligne se reflètent dans les activités hors ligne et s’amplifient chaque fois qu’il y a des tensions ou un incident dans la ville. Les conclusions sont utilisées par le gouvernement local pour améliorer la coordination avec les forces de l’ordre et la société civile et pour informer son travail plus large de promotion de la sécurité. Aalborg (Danemark) a également étudié les conversations démocratiques en ligne, en s’attachant particulièrement à comprendre ce qui crée des communautés en ligne positives ou polarisées. La recherche alimente le travail de prévention existant dans la ville, y compris le lancement d’un réseau numérique de bénévoles et d’une équipe de prévention numérique.

4. Examiner les niveaux de confiance

Le développement de la confiance entre les villes et les communautés est essentiel pour traiter efficacement ces questions. La confiance dans les institutions locales et l’administration de la ville aura une incidence significative sur le succès de la mise en œuvre du cadre par la ville. Les collectivités locales devraient envisager d’organiser des consultations publiques, des discussions de groupe ou de mener des enquêtes de base afin de comprendre dans quelle mesure les communautés font confiance aux collectivités locales sur des questions particulières et pourquoi. Les villes devraient également solliciter l’avis de la communauté sur ce qui peut être fait pour renforcer la confiance.

5. Travailler avec des données représentatives et impartiales

La ville doit s’efforcer de recueillir des données et des avis qui offrent une représentation fidèle d’une communauté donnée. À cette fin, elle devrait collaborer avec des experts en évaluation et en enquêtes pour s’assurer que les méthodes de collecte de données sont statistiquement représentatives d’une ville donnée. De même, il est essentiel de s’interroger sur les biais potentiels des données ou sur la manière dont elles sont interprétées – inconsciemment ou non. S’il n’est pas possible d’éliminer les biais des données, il convient de les reconnaître dans la manière dont elles sont présentées et dans le potentiel qu’elles ont d’influencer la manière dont une ville agit.

Amman est à l’écoute

Pour s’assurer que ses données sont représentatives, la ville d’Amman utilise la technologie pour améliorer les efforts d’engagement communautaire menés par la ville. Sous la direction du maire Youssef Al-Shawarbeh, la municipalité du Grand Amman a investi dans une communication plus transparente et plus régulière avec les habitants. Cela passe notamment par la mise en place d’une plateforme innovante appelée Amman is Listening, qui fournit aux habitants des cartes interactives de la ville qui peuvent les aider à signaler les lacunes dans la prestation des services publics, leurs préoccupations en matière de sécurité, etc. L’objectif est de faire de cette plateforme un référentiel unique de toutes les données ouvertes de la municipalité, afin d’assurer la transparence avec les habitants et de démontrer que la municipalité se consacre à un développement urbain fondé sur des données probantes et informé par la communauté. Consciente que tous les habitants ne peuvent pas accéder aux cartes depuis leur domicile (par exemple, en raison d’un manque de bande passante), la municipalité a également installé les cartes sur des sites publics et dans des centres communautaires, afin de s’assurer que cet outil de collecte de données est réellement inclusif et représentatif de l’ensemble de la ville.

6. Exploiter les données existantes

Le premier réflexe de nombreuses villes peut être de penser que, puisque la résolution de ces problèmes n’est pas leur fonction première en tant qu’administration locale, cela nécessitera de collecter de nouvelles données. Il est risqué de supposer que la richesse des données – tant quantitatives que qualitatives – que les villes génèrent déjà ou auxquelles elles ont accès n’est pas pertinente. Bien que ce soit souvent le cas, qu’il s’agisse de statistiques sur les taux d’abandon scolaire, de litiges en matière d’urbanisme, de problèmes de licences ou d’aide à l’emploi, les villes ont la possibilité de recueillir les avis et les réactions des forums d’engagement communautaire existants et des réunions du conseil, qui fourniront probablement des informations précieuses sur la manière dont la haine, l’extrémisme et la polarisation affectent la communauté. Toutes les formes de données ne seront pas pertinentes d’une ville à l’autre, mais il s’agit d’examiner ce dont la ville dispose déjà et comment une nouvelle interprétation de ces données pourrait éclairer ces défis.

6. Soyez proactif et tenez la cartographie à jour

Les gouvernements locaux devraient procéder à une cartographie proactive pour atténuer les inquiétudes dès qu’elles se manifestent, afin de réduire à la fois l’impact de ces inquiétudes sur les communautés et leur potentiel d’escalade vers la violence. Les villes ne peuvent pas s’attendre à réaliser une fois une cartographie du paysage et continuer à travailler sur la base de la même évaluation année après année. Les circonstances changeront, les risques et les vulnérabilités évolueront, de nouveaux défis apparaîtront et la ville sera différemment positionnée pour les relever. Par conséquent, si cela est possible, les villes devraient s’efforcer de revoir et de mettre à jour leur cartographie sur une base annuelle.


Comité consultatif antiraciste d’Edmonton

Pour guider l’élaboration de sa stratégie de lutte contre le racisme, la ville d’Edmonton (Canada) a mené de vastes consultations communautaires afin de recenser les besoins et les préoccupations des personnes de couleur. Pour s’assurer que la stratégie continue de refléter ces perspectives, la ville a créé un comité consultatif antiraciste (ARAC) chargé de conseiller le conseil municipal « concernant les perspectives de la communauté sur les questions liées au racisme ». L’ARAC identifie et s’engage auprès de différents groupes afin d’intégrer leur contribution aux travaux de la commission, formule des recommandations sur l’attribution du programme de subventions pour la lutte contre le racisme, mène des recherches au niveau local et travaille avec le directeur municipal pour développer et maintenir un dialogue permanent avec les communautés et les autres parties prenantes au sujet de la lutte contre le racisme.

8. Normaliser la méthodologie

Les villes devront identifier et définir l’approche méthodologique qu’elles adopteront pour leur cartographie. Si la ville souhaite observer l’évolution du paysage par rapport à l’année précédente, en particulier si les menaces, les besoins et les vulnérabilités identifiés ont augmenté ou diminué, elle devra être cohérente dans les méthodes utilisées et répéter les mêmes exercices pour voir comment les données changent, si elles changent. Si l’on s’en écarte de manière significative, l’évaluation n’est pas comparable, en termes de données, à l’évaluation précédente. Cela ne signifie pas que la méthodologie ne doive pas être périodiquement mise à jour pour améliorer la collecte, le filtrage et l’évaluation des données en fonction de l’évolution du profil de risque de chaque ville et du contexte social plus large. Cela signifie que chaque fois que des changements sont apportés, ils doivent être intentionnels et intégrer les leçons tirées de la mise en œuvre précédente et de tout suivi, évaluation et apprentissage (MEL).

9. Identifier les mécanismes existants

La cartographie devrait identifier les infrastructures, les mécanismes et les initiatives existantes qui pourraient être mis à profit pour faire face à une ou plusieurs des menaces identifiées. Par exemple, si une ville identifie un défi spécifique autour des tensions ethniques qui sont les plus visibles entre les jeunes de certaines communautés, quelles sont les activités éducatives, sportives ou culturelles, les sociétés ou les forums informels qui sont déjà en place pour faciliter une meilleure compréhension et une meilleure coopération ? Il peut s’agir de mécanismes formels, tels qu’un comité de paix local ou une association d’aide sociale aux résidents, ou informels, tels qu’un événement sportif ou un réseau de parents, par exemple.

10. Cartographier les principales parties prenantes et les partenaires potentiels de la mise en œuvre

Réfléchissez non seulement aux agences/départements municipaux ou autres services locaux compétents qui doivent être impliqués pour relever des défis particuliers, mais aussi aux principales parties prenantes de la communauté ou autres partenaires dont la coopération et le soutien seront bénéfiques.

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