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La société civile et la prévention de l’extrémisme violent dans le contexte de la crise économique au Liban

Date de publication :
10/02/2022
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— 6 minutes temps de lecture

Ci-dessus : L’explosion du port de Beyrouth, qui a eu lieu en août 2020, a encore aggravé la détérioration de l’économie libanaise.

Nidal Khaled

Responsable de l’Association des initiatives de jeunesse et point focal du réseau local de prévention de Majdal Anjar

9 février 2020

L’article d’opinion suivant a été rédigé par un auteur invité. Les opinions exprimées dans ce document sont celles de l’auteur et ne peuvent être attribuées au Réseau des villes fortes, à ses membres ou à son unité de gestion.

Depuis plus de deux ans, le Liban s’enfonce dans la pire crise socio-économique de son histoire, jamais connue même pendant les périodes les plus sombres de 15 ans de guerre civile. Figurant désormais sur la liste des pires catastrophes financières au monde depuis le milieu du XIXe siècle, la monnaie nationale libanaise a perdu plus de 85 % de sa valeur, plongeant plus de la moitié des citoyens sous le seuil de pauvreté. Les problèmes sont devenus insolubles en raison de l’afflux, au cours de la dernière décennie, de près de deux millions de réfugiés syriens, des conflits entre les différents groupes politiques, religieux et sectaires du Liban, et de la propagation du COVID-19.

Aujourd’hui, les institutions publiques du pays s’effondrent. De nombreux employés du secteur public et des forces de sécurité ne peuvent pas se rendre au travail en raison du coût élevé du transport, le prix d’un réservoir de carburant étant devenu égal au salaire minimum mensuel. Les groupes extrémistes cherchent à exploiter cette vulnérabilité, soit par la violence physique contre l’État et ses citoyens, soit par la fourniture de services de base que l’État n’est pas en mesure d’assurer – tels que les soins médicaux et l’éducation – afin de gagner en popularité et en soutien. À mesure que les inégalités et les niveaux de pauvreté augmentent, les individus et les communautés peuvent se sentir de plus en plus aliénés et frustrés. N’ayant pas les moyens d’exprimer leurs frustrations par des voies légitimes et constructives, ils peuvent se tourner vers des groupes qui défendent leurs intérêts. Dans les cas les plus extrêmes, le besoin de changement d’autorité peut conduire certains à recourir à la violence. C’est peut-être particulièrement vrai pour les jeunes, qui sont de manière disproportionnée à la fois ciblés par les groupes extrémistes violents pour le recrutement et affectés par la crise économique.


L’implication des jeunes dans ce processus, en plus de la mise en place de programmes sociaux donnant accès aux ressources et à des espaces d’expression sûrs, est l’un des outils les plus puissants pour lutter contre la polarisation, l’extrémisme et la violence.

L’incapacité du gouvernement central et des autres institutions nationales à s’attaquer à l’extrémisme est due en partie à leur tendance à le considérer sous l’angle de la sécurité. Si la sécurité est un élément essentiel du bon fonctionnement d’une nation, elle n’est ni le seul moyen disponible, ni toujours le plus approprié.

Dans ce contexte, le rôle de la société civile est de créer un espace de dialogue qui ne donne pas de légitimité à ces groupes, mais qui leur donne un sentiment d’inclusion ainsi que des conseils, des alternatives et la possibilité de se réintégrer dans la société. La société civile joue déjà un rôle primordial en négociant avec les autorités locales et nationales pour établir un lien entre les jeunes et l’État, créer des cadres pour la pratique d’une citoyenneté effective et mettre en avant l’idée que les jeunes jouent un rôle dans la construction et le soutien des institutions et la participation à la gouvernance, quelles que soient les difficultés. L’implication des jeunes dans ce processus, en plus de la mise en place de programmes sociaux donnant accès aux ressources et à des espaces d’expression sûrs, est l’un des outils les plus puissants pour lutter contre la polarisation, l’extrémisme et la violence.

Ce n’est pas un problème qui peut être résolu par un parti individuel – politique ou autre. La solidarité et l’intégration de toutes les composantes de la société et des institutions civiques sont nécessaires, ainsi que l’aide de professionnels, d’activistes et d’experts internationaux.

Une solution modeste est offerte par les réseaux locaux de prévention (LPN), qui ont été créés en 2017 en collaboration avec le Réseau des villes fortes, le ministère de l’Intérieur et des Municipalités, en partenariat avec l’unité de coordination nationale PVE du Conseil des ministres, et avec le soutien du ministère danois des Affaires étrangères. Face aux nombreuses crises qui ont frappé le pays, les IAA visent à renforcer, former et soutenir les communautés, et à apporter des réponses locales à leurs besoins sociaux, économiques et psychologiques, en particulier les jeunes vulnérables. En identifiant et en coordonnant les acteurs et les praticiens de première ligne et en donnant aux communautés les connaissances et les outils nécessaires pour détecter les premiers signes de radicalisation, ils s’efforcent de mettre en place une réponse coordonnée au risque qui soit à la fois adaptée au contexte local et conforme à la stratégie nationale de prévention. Au fond, les LPN cherchent à promouvoir et à renforcer la cohésion sociale et la résilience en englobant tous les aspects de la société, en particulier les jeunes, et en les détournant de la violence pour les orienter vers des solutions coopératives et axées sur la communauté.

Récemment, les IAA ont mené des sessions de dialogue et des activités avec des spécialistes abordant des questions telles que la religion, l’idéologie et la jeunesse, afin d’élucider les diverses idées et opinions associées au phénomène de la violence et de l’extrémisme. Cet effort est le résultat d’une coopération entre les LPN et les conseils municipaux des villes dans le but d’élaborer un plan de travail qui ouvre la voie à l’établissement d’une société cohésive et harmonieuse basée sur les principes de la sécurité et de la sûreté.

Cependant, de nombreux défis restent à relever. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour s’assurer que les solutions reflètent les besoins de la communauté et exploitent pleinement son potentiel économique et humain. Le changement doit être inclusif, impliquer l’ensemble de la société tout en veillant à ce que le développement soit durable et réponde aux besoins des pauvres et des marginalisés, en renforçant l’autonomie des femmes à tous les niveaux et en développant le tourisme rural tout en respectant la diversité culturelle et religieuse des communautés locales. Parallèlement, la police municipale devrait mettre davantage l’accent sur la sécurité des citoyens et améliorer la réponse aux besoins urgents des familles touchées par l’effondrement économique en fournissant une aide d’urgence et les services de santé nécessaires, ce qui contribuera grandement à améliorer les relations entre les civils et le secteur de la sécurité. En outre, il convient de soutenir les établissements d’enseignement afin de garantir un niveau minimum d’éducation, car c’est le seul moyen de protéger les sociétés contre l’exploitation par des groupes extrémistes qui possèdent des ressources financières et cherchent à polariser les partisans.

Si la crise libanaise a été causée, puis exacerbée dans une certaine mesure, par l’inaction de l’État, sa résolution nécessitera l’intervention de l’ensemble de la société, et où mieux commencer que dans nos communautés locales ?

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