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Entre contrer et prévenir : Le Liban et l’héritage du 11 septembre

Date de publication :
15/09/2021
Type de contenu :
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— 6 minutes temps de lecture

Ci-dessus : Beyrouth, Liban

Lama Awad, directrice régionale, Réseau des villes fortes

Ghida El-Assaad, Coordinatrice, Réseau des villes fortes

Nicolas Gholam, Coordinateur, Réseau des villes fortes


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L’article d’opinion suivant et les opinions qui y sont exprimées sont celles de l’auteur et ne peuvent être attribuées au Réseau des villes fortes.

La réponse militaire américaine au 11 septembre et le début de la « guerre mondiale contre la terreur » en 2001 sont devenus le point de mire des efforts de lutte contre le terrorisme dans le monde entier, et peut-être nulle part ailleurs plus qu’au Moyen-Orient. Les interventions en Afghanistan et en Irak ont eu des conséquences inévitables et insolubles pour la région et sont devenues un appel au ralliement des mouvements islamistes djihadistes dans les années 2000, dont les ondes de choc continuent de façonner le paysage politique et sécuritaire aujourd’hui.

La position du Liban dans la région a toujours été précaire et le pays a souvent été victime de ses bouleversements politiques apparemment constants. Depuis 2001, le pays a connu, entre autres, l’assassinat de son premier ministre, le retrait de l’occupation militaire syrienne, un conflit interne entre sunnites et chiites, l’infiltration de l’ISIS dans plusieurs zones rurales et deux grandes manifestations contre la corruption interne incessante. La guerre civile qui a duré 15 ans, de 1975 à 1990, reste à ce jour un puissant rappel de la fragilité de l’équilibre sectaire et confessionnel du pays. En 2018, l’unité nationale libanaise de prévention de l’extrémisme violent (PVE) a dressé un tableau sombre, soulignant que le pays « vit dans un environnement régional et international tourmenté par des conflits et des guerres intra-étatiques qui posent un risque d’effondrement de l’État national et de désintégration et de démantèlement des sociétés ».

Malgré ces défis, et peut-être à cause d’eux, le Liban est toujours resté particulièrement sensible aux limites d’une réponse trop sécuritaire à la violence et à la nécessité d’initiatives solides et durables qui cherchent à s’attaquer à ses causes profondes. Ainsi, le gouvernement libanais a été l’un des premiers à soutenir le programme mondial de lutte contre le terrorisme et l’ extrémisme violent, étant donné qu’il met l’accent sur les « conditions propices » à la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent et sur le rôle des acteurs infranationaux dans la lutte contre ces fléaux. En fait, la stratégie nationale libanaise 2018 pour le PVE mentionne spécifiquement le rôle des municipalités et des communautés locales.

Dans ce contexte, l’approche ascendante et axée sur la prévention de l’extrémisme promue par le réseau des villes fortes a commencé à prendre racine dans le pays, avec le soutien des ministères des affaires étrangères des Pays-Bas et du Danemark. Cela a conduit à la création de réseaux locaux de prévention (LPN) en 2017 dans trois municipalités : Tripoli, Saïda et Majdal Anjar.

Dans ces localités, les LPN ont permis aux acteurs locaux, notamment les maires, les gouverneurs et les praticiens locaux, de commencer à travailler ensemble pour renforcer la cohésion sociale et la résilience des communautés face à l’extrémisme et à d’autres formes de violence. Depuis lors, les LPN ont forgé de nouveaux liens entre la société civile et les autorités locales, tout en permettant aux villes de concevoir, de déployer et de fournir des réponses aux menaces locales, et d’identifier et de réagir aux premiers signes de radicalisation vers la violence au sein des communautés. Preuve de leur succès, deux autres villes devraient développer leurs propres LPN dans les mois à venir et le plan d’action national libanais pour le PVE prévoit que ces plates-formes soient reproduites dans d’autres régions du pays.


L’approche ascendante des LPN, qui sont dirigées, animées et détenues par les communautés locales plutôt qu’imposées par le gouvernement national, leur a permis non seulement de refléter les besoins et priorités particuliers des membres de la communauté, tout en renforçant la cohésion sociale et en promouvant une citoyenneté active et positive, mais aussi de s’adapter pour faire face aux nouveaux développements et défis au fur et à mesure qu’ils se présentent. Une partie de ce succès peut être attribuée au fait que l’unité PVE du pays, tout en développant le plan d’action national PVE du Liban, a permis aux LPN de se développer organiquement avec peu d’orientation ou d’obstruction de la part du gouvernement national.

Il est peut-être plus que jamais nécessaire d’investir dans les efforts locaux de prévention et de lutte contre la criminalité qui s’attaquent à toutes les formes d’extrémisme violent.

Cela ne veut pas dire que les IAA n’ont pas été exemptes de difficultés et, compte tenu de l’état désastreux de la stabilité politique et économique actuelle du Liban, il est peut-être plus que jamais nécessaire d’investir dans les efforts locaux de prévention et de répression de l’extrémisme violent sous toutes ses formes.

L’un des défis à relever d’urgence concerne les capacités des acteurs locaux. Le personnel municipal, les praticiens et la société civile ont besoin d’une formation plus poussée pour détecter les signes précoces d’une violence potentielle, quelle que soit son origine idéologique, qu’elle soit sunnite, chiite, chrétienne ou autre. Si de nombreux groupes d’IAA se sont engagés dans des activités de P/CVE, il existe un écart considérable entre l’engagement dans ces activités et leur conduite indépendante, ce qui pourrait avoir une incidence sur la viabilité à long terme des IAA et sur leur efficacité.

Il s’agit également de veiller à ce que les initiatives et les priorités des IAA soient à la fois durables et capables de résister aux changements politiques locaux. Les remaniements et les restructurations municipales ont menacé de nuire aux relations entre les membres des IAA et le personnel municipal, entraînant des retards et des incertitudes quant à leur orientation collective, ainsi qu’une perte d’élan des activités et de l’engagement avec les membres. Le risque que les changements politiques ralentissent ou fassent dérailler le travail des IAA pourrait être atténué par la mise en place d’un ensemble de principes et de structures clés qui font l’objet d’un accord collectif et qui ne sont pas affectés par les changements politiques.

Un troisième défi consiste à s’assurer que les IAA se concentrent sur toutes les formes d’extrémisme violent affectant la communauté et qu’elles ne se limitent pas à l’extrémisme islamiste sunnite – la priorité des gouvernements occidentaux. Cette approche étroite ignore non seulement d’autres formes d’extrémisme, qui peuvent être plus répandues dans une communauté donnée, mais aussi d’autres raisons pour lesquelles les jeunes peuvent se radicaliser dans la violence.

Par exemple, une consultation communautaire menée cette année par le bureau de Beyrouth auprès de cinq municipalités a révélé que la vulnérabilité des jeunes face à l’extrémisme violent était alarmante, mais qu’elle était déclenchée, non pas par le fondamentalisme religieux, mais par le krach financier de 2019 qui continue de dévaster le pays. Les difficultés financières et le chômage se sont historiquement révélés être des facteurs importants de poussée vers l’extrémisme, et sont souvent négligés dans le cadre de l’EPP.

Les LPN ont un grand potentiel pour servir de modèle à l’opérationnalisation de la collaboration multi-acteurs P/CVE au niveau communautaire, et permettre des réponses plus locales, flexibles et multidimensionnelles aux diverses formes d’extrémisme violent. Alors que nous entamons la troisième décennie de l’ère post-11 septembre, ils représentent à bien des égards l’antithèse, voire l’antidote, du type d’approche dominée par l’armée et dirigée par le gouvernement national qui a défini la majeure partie des deux premières décennies.

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