Majdal Anjar, Liban

APERÇU GÉNÉRAL

Célèbre pour son ancienne citadelle romaine, Majdal Anjar a longtemps occupé un emplacement stratégique entre le Liban et la Syrie. Cette petite ville à majorité sunnite située dans la vallée de la Bekaa, à majorité chiite, est souvent enfermée dans le stéréotype de plaque tournante de l’extrémisme violent, réputation qui s’est renforcée ces dernières années. Marginalisée financièrement et située dans une zone sensible, le sentiment d’aliénation de Majdal Anjar est compréhensible.

En tant que ville frontalière, Majdal Anjar a vu sa population exploser suite à l’éruption du conflit syrien : fuyant leur pays en guerre, près de 25 000 réfugiés syriens[1] ont trouvé asile dans cette ville, qui comptait en temps normal 22 000 habitants. Cet afflux massif a mis les ressources de Majdal Anjar à rude épreuve, et ses infrastructures et services sanitaires et éducatifs en ont peiné à assurer les besoins d’une population qui a plus que doublé en l’espace de quelques années. Dans ce contexte,  des tensions ont surgi entre les communautés syrienne et libanaise.

Menée par le réseau Strong Cities, la mise en place du Réseau de prévention communautaire (RPC) de Majdal Anjar est un exemple d’initiative communautaire qui remet en question les stéréotypes sur la ville en organisant nombre d’activités de prévention de l’extrémisme violent (PEV), allant de camps pour les jeunes à des groupes de discussion permettant l’échange et le dialogue.

 

LE CONTEXTE NATIONAL

L’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafiq Hariri en 2005 a partagé, non seulement la ville de Tripoli, mais le Liban tout entier en deux coalitions politiques antagonistes : d’un côté, le mouvement du 8 mars, pro-chiite, de l’autre, celui du 14 mars, pro-sunnite. Plus tard, le conflit syrien produira un afflux de réfugiés vulnérables vers le Liban. D’après la Haute Commission des Nations Unies aux Réfugiés, l’UNHCR, il y aurait près de 1.011.366 réfugiés syriens au Liban.[2] Fatalement, cet afflux a produit une contrainte conséquente sur le gouvernement national, engendrant une kyrielle de problèmes sociaux, économiques et politiques, allant des tensions palpables entre les communautés d’accueil et celles réfugiées à la pression considérable exercée sur les services sanitaires et les infrastructures.

Au souvenir encore récent de la guerre civile libanaise, survenue entre 1975 et 1990, s’ajoutent les tensions confessionnelles toujours évidentes. Ainsi, les initiatives de la société civile se trouvent souvent confrontées à la difficulté de voir leur travail défini dans la ligne du confessionnalisme. Les initiatives de PEV doivent donc être mises en œuvre dans le cadre sensible du tissu sociopolitique libanais. En 2017, le gouvernement libanais a nommé sa première coordinatrice nationale en matière de PEV, chargée de mettre en place une stratégie d’ensemble visant à prévenir l’extrémisme violent.[3] Une stratégie nationale de PEV a été adoptée fin 2017 et lancée officiellement début 2018.

LE CONTEXTE LOCAL

En 2016, le réseau Strong Cities a lancé 6 réseaux de prévention communautaire (RPC) au Liban et en Jordanie. Les RPC, qui travaillent au niveau municipal, s’efforcent de créer des liens et de favoriser la communication entre la municipalité et les OSC (organisations de la société civile) locales, les ONG sur place et d’autres intervenants qui s’intéressent à la PEV : enseignants, travailleurs sociaux et responsables religieux. Le modèle de RPC du SCN est taillé sur mesure pour épouser les besoins de chaque ville et vise à gérer les problèmes que les membres du réseau considèrent comme prioritaires pour soutenir les efforts de PEV locaux. Les intervenants locaux connaissent mieux que quiconque leur contexte local et sont les plus à même d’affronter ses défis.

Le RPC de Majdal Anjar bénéficie d’une configuration d’OSC (organisations de société civile) multipartite unique. Particulièrement actif, il organise et met en œuvre un éventail d’activités , destinées aux communautés libanaise et syrienne, notamment à ses deux cibles prioritaires : les adolescents âgés de 12 à 17 ans et les jeunes âgés de 18 à 26 ans.

 

INITIATIVES PRINCIPALES

Le 19 novembre 2017, Majdal Anjar a lancé son Réseau de prévention communautaire (RPC). Plus de 300 membres de la communauté ont assisté au lancement, organisé au centre Al Azhar de la région Bekaa.[4] Les participants ont inclus des personnalités religieuses de premier rang, tel que le Mufti de Zahlé et de la vallée de la Bekaa, le directeur général de l’éducation supérieure auprès du ministère de l’Education et le maire de Majdal Anjar, Saeed Yassin. Le RPC entretient des liens étroits avec Al Azhar ; il a en effet publié trois articles sur la PEV dans le magazine officiel local de l’institution, Azaher, et prévoit d’en publier d’autres encore.  Le RPC a également mis au point son propre « Guide Local d’action de PEV », conçu en collaboration avec ses homologues régionaux et lancé en mai 2018 en présence de la Coordinatrice nationale de PEV, Rubina Abou Zeinab, des partenaires du projet et des intervenants locaux.

Le RPC a organisé une série de séances de formation destinées aux enseignants locaux pour les sensibiliser aux techniques de PEV auxquelles recourir  dans leurs salles de classe. Il a également organisé un camp de PEV pour les jeunes s’étalant sur 3 jours. Le but de ce camp était de faire participer des jeunes syrien et libanais de la ville à des activités artistiques et sportives, dans le but d’initier un rapport pacifique et de créer chez eux une aptitude à la cohésion sociale, afin de prévenir à terme l’éruption de tendances à l’extrémisme violent au sein de la jeunesse locale. Le camp a été dirigé par le point de contact du RPC local, Nidal Khaled, et mené avec le soutien du Maire de Majdal Anjar, Saeed Yassin.

 

[1] https://www.economist.com/special-report/2016/05/26/caught-by-geography

[2] http://unesdoc.unesco.org/images/0026/002614/261406e.pdf

[3]https://www.pressreader.com/liban/the-daily-star-liban/20180627/281599536233536

[4] Le centre Al Azhar est une institution éducative sunnite appartenant à l’Etat.


LEADERSHIP POLITIQUE LOCAL

prénom: Saeed Yassin

Rôle: Maire de Majdal Anjar