Irbid, Jordanie

APERÇU GÉNÉRAL

Irbid, deuxième ville la plus peuplée de Jordanie, abrite deux communautés religieuses : chrétienne et musulmane. Irbid a été l’une des trois villes jordaniennes qui ont rejoint le réseau Strong Cities (SCN) en 2016. A l’instar d’autres villes de Jordanie, Irbid est aux prises avec des tensions tribales, qui ont coûté la vie à deux personnes en juillet 2017. Suite à cet incident, une trêve a été déclarée entre les tribus.[1] Irbid connait également un des taux les plus élevés de mariage d'enfants du pays, à savoir 17,7% entre 2010 et 2015.[2]

Menée par le réseau Strong Cities, la création du RPC d’Irbid est un exemple d’initiative née sur le terrain et qui répond aux problèmes de la ville sous le prisme de la prévention de l’extrémisme violent (PEV). Le RPC d’Irbid, qui se focalise sur la jeunesse locale, conçoit des événements sur-mesure qui permettent de gérer les problèmes locaux sensibles à travers des séances de dialogue, des festivals créatifs et d’autres activités.

 

LE CONTEXTE NATIONAL

Dans une région qui connait un conflit et des remous politiques continus depuis un long moment, la Jordanie a constitué à plusieurs reprises un asile sûr pour les réfugiés des pays voisins, comme la Palestine, l’Irak et la Syrie.  La Jordanie abrite la plus grande diaspora palestinienne et les communautés de réfugiés les plus importantes du Moyen-Orient, avec plus de  deux millions de réfugiés inscrits à UNRWA (l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).  Suite à l’invasion de l’Irak menée par les Etats-Unis en 2003, les Irakiens fuyant le conflit se sont installés en Jordanie, notamment dans sa capitale, Amman. En 2012, le camp de réfugiés de Zaatari a vu le jour et est devenu, entre-temps, le plus grand camp de réfugiés syriens au monde.

Le conflit dans les pays environnants a exacerbé le risque de terrorisme dans les villes jordaniennes. En novembre 2005, la filiale irakienne d’Al-Qaïda a organisé une attaque ciblant trois hôtels à Amman dans une série d’attentats-suicide coordonnés qui ont coûté la vie à plus de 55 personnes.[3] Plus récemment, Daech a pris en otage et exécuté un pilote de l’armée de l’air royale jordanienne, le lieutenant Muadh Al-Kassasbeh, le brûlant vif, enfermé dans une cage.[4] L’incident a provoqué une onde de choc qui a secoué la Jordanie et le monde entier et incité la Royal Jordanian Air Force à lancer une contre-offensive, l’« Opération martyre Muath », contre Daech. [5] Fin 2016, Daech a également attaqué Karak, ville membre du réseau Strong Cities.[6] L’attentat a coûté la vie à plus d’une dizaine de personnes.[7]

Récemment aussi, la Jordanie a assisté à une série d’actes de violence survenus dans les campus universitaires, souvent liés à des tensions tribales. En 2013, un de ces incidents a causé le décès d’un étudiant âgé de 21 ans à l’université de Mu’tah, à Karak.

En janvier 2016, Ban-Ki Moon, l’ancien Secrétaire général des Nations unies, a annoncé le lancement du Plan d’action de prévention de l’extrémisme violent des Nations unies qui incite tous les pays du monde à mettre en place un Plan d’action national (PAN) en la matière. La Jordanie met actuellement au point son Plan d’action national de PEV, sous la houlette de la Présidence du Conseil des ministres.

 

 

LE CONTEXTE LOCAL

En 2016, le réseau Strong Cities a lancé 6 réseaux de prévention communautaire (RPC) au Liban et en Jordanie. Les RPC, qui travaillent au niveau municipal, s’efforcent de créer des liens et de favoriser la communication entre la municipalité et les OSC (organisations de la société civile) locales, les ONG sur place et d’autres intervenants qui s’intéressent à la PEV : enseignants, travailleurs sociaux et responsables religieux. Le modèle de RPC du SCN est taillé sur mesure pour épouser les besoins de chaque ville et vise à gérer les problèmes que les membres du réseau considèrent comme prioritaires pour soutenir les efforts de PEV locaux. Les intervenants locaux connaissent mieux que quiconque leur contexte local et sont les plus à même d’affronter ses défis.

A Irbid, le RPC a choisi de cibler son action sur la jeunesse et la famille. Le RPC est constitué de 19 membres provenant d’horizons professionnels différents, dont des OSC (organisations de la société civile), des avocats et des activistes locaux et est soutenu par la Mairie du Grand Irbid, qui s’implique activement dans les événements organisés. L’interface du réseau et sa communication est assurée par  le Point de contact du RPC, Ismaïl Al-Hawary.

 

INITIATIVES PRINCIPALES

Le 20 octobre 2017, Irbid a procédé au lancement officiel de son RPC. L’événement, organisé avec le soutien de la Mairie du Grand Irbid, a attiré plus de 500 participants appartenant à différents secteurs d’activité. Un des moyens utilisés par le RPC pour répondre aux problèmes locaux sont les séances ouvertes de dialogue. Le RPC a organisé, avec le soutien de la Mairie du Grand Irbid, des séances de dialogue sur le rôle des institutions communautaires, des médias, de l’éducation, de la société civile et de la famille. Ces séances de dialogue axées sur la PEV ont été menées par des experts du domaine, et ont permis d’apprécier les domaines d’intervention et d’amélioration potentielle à Irbid.

Un des domaines d’intervention prioritaires du RPC d’Irbid est le travail avec la jeunesse. En août 2018, le RPC a dispensé des séances de formation à la conception d’une initiative de PEV à plus de 100 jeunes de la ville. Le RPC examine actuellement les initiatives de PEV conçues par les jeunes. Par la suite, l’initiative jugée la meilleure recevra un financement et sera déployée sur le plan local. Irbid a également lancé son premier Forum de la famille et de la communauté. Ce Forum vise à réunir des familles, des OSC et le gouvernement local pour discuter ensembles des différentes approches de PEV envisageables.

En septembre 2018, le RPC d’Irbid a organisé son événement axé sur la PEV le plus créatif jusqu’à présent. Le RPC a invité un artiste local à dessiner une fresque sur le plus grand mur d’Irbid, situé dans le plus grand parc de la ville. L’artiste a réalisé sa peinture murale alors qu’un orchestre jouait en direct, l’ensemble créant un espace ouvert informel permettant aux participants de faire connaissance et d’échanger au sujet du développement de leurs stratégies locales de PEV. RPC d’Irbid a identifié l’art comme un support efficace pour communiquer avec les jeunes. Dans le cadre d’un autre événement créatif, le RPC d’Irbid a aidé des jeunes à écrire  et jouer une pièce de théâtre interactive qui aborde différentes problématiques de PEV.

En juillet 2017 s’est tenu le Forum de la famille et de la communauté, organisé par le RPC d’Irbid et soutenu par le Maire d’Irbid, Hussein Bani Hani. Le Forum a permis d’aborder un certain nombre de problématiques locales, telle que l’importance de l’autonomisation économique des jeunes et le rôle des institutions de la société civile dans la PEV. Le Forum de la famille et de la communauté fonctionne en tandem avec les séances de dialogue chapeautées par le RPC d’Irbid.

Photo prise lors de l'événement de lancement du RPC d'Irbid, auquel ont assisté plus de 500 membres de la communauté.

[1] http://en.royanews.tv/news/10127/2017-06-08

[2] https://data2.unhcr.org/en/documents/download/63079

[3]https://www.nytimes.com/2005/11/10/world/middleeast/3-hotels-bombed-in-jordan-at-least-57-die.html

https://www.bbc.com/news/av/world-middle-east-34745196/surviving-the-2005-suicide-bombings-on-jordan-hotels

[4] https://www.bbc.com/news/world-middle-east-31121160

[5]http://www.jordantimes.com/news/local/armed-forces-launches-operation-martyr-muath%E2%80%99

[6]https://www.nytimes.com/2016/12/20/world/middleeast/jordan-attack-isis-karak.html

[7] Ibid


LEADERSHIP POLITIQUE LOCAL

prénom: Hussein Bani Hani

Rôle: Maire d'Irbid

Hussein Bani Hani